Algérie

Le cycle de la haine



Le cycle de la haine
Après Lyès Salem, Kamel Daoud et Saïd Sadi, les «polémistes» salafo-nationalistes jettent aujourd'hui les boules puantes sur la presse algérienne paraissant en français.Ces derniers temps, les artistes, les écrivains et les journalistes sont devenus la cible privilégiée des milieux fanatiques ou fanatisés. Le cycle de la haine a commencé, à l'automne 2014, avec les attaques d'un faux télé-prédicateur d'Ennahar TV nommé Chemseddine (la prédication religieuse exige des diplômes et une habilitation des pairs) contre le film El Wahrani de Lyès Salem. Le long métrage a été qualifié de «film diabolique» qui «porte atteinte l'image des moudjahidine». Le jeune cinéaste a été ensuite critiqué par «les militants» de ce même courant d'idées.Le comble est que certains n'ont pas même vu le film ! Lyès Salem s'est expliqué avec beaucoup de sagesse sur son œuvre et sur la notion du cinéma et de fiction. Sauf que ceux qui ont «sauté» sur l'occasion pour traiter le cinéaste de tous les noms ne s'intéressent pas au débat artistique ni aux idées d'ouverture du monde actuel. A peine la polémique sur El Wahrani éteinte qu'une autre démarre. Elle est lancée, comme par hasard, par le leader d'un parti salafiste non agréé, Hamadache Zeraoui, qui a osé publier sur facebook un appel au meurtre contre l'écrivain et chroniqueur Kamel Daoud.Ce faux imam a même insisté, largement servi par des chaînes comme Ennahar TV et Echourouk TV, sur cette position. Ces deux chaînes ont ouvert leur antenne, sans aucune modération ni aucune retenue, à ceux qui ont critiqué jusqu'à l'insulte Lyès Salem et Kamel Daoud. Sur Echourouk TV, un certain Othmane Saadi a fait un véritable procès à l'auteur de Meursault, contre-enquête et à la presse algérienne paraissant en français qui, selon ses dires, serait financée par le ministère français des Affaires étrangères.Les porte-voix de l'inculture et de l'ignorance, encouragés par l'impunité générale, ont cherché une autre cible.Laquelle ' Saïd Sadi, ex-président du RCD, qui a fait une réflexion sur l'histoire contemporaine de l'Algérie. Utilisant les mêmes tribunes, des inconnus proclamés historiens ou «chercheurs en histoire» ont puisé dans un dépôt de langage ordurier des mots pour s'attaquer à Saïd Sadi accusé de? «travailler» pour les intérêts de la France.Ni Saïd Sadi ni les militants de son parti n'ont eu droit de réponse dans ces nouveaux relais de l'inquisition intellectuelle. Or, au lieu d'ouvrir un débat sur la place de certains hommes dans le mouvement national comme Messali Hadj ou Ahmed Ben Bella, évoqués par Sadi, on ouvre le feu sur l'ex-président du RCD comme pour interdire toute remise en cause des vérités historiques, toute discussion libre sur une histoire qui n'a toujours pas été écrite et qui est toujours entourée de mensonges.Insultes, calomnies et diffamationCes mêmes voix faussement offusquées n'ont émis aucun son pour répondre au général français Aussaresses lorsqu'il avait évoqué la torture des nationalistes algériens durant la guerre de Libération nationale. La moudjahida Louisette Ighilahriz, pour ne citer que cet exemple, a mené seule son combat aux fins de lever le voile sur la pratique de la torture par les parachutistes français à Alger. Après Lyès Salem, Kamel Daoud et Saïd Sadi, les «polémistes» salafo-nationalistes jettent aujourd'hui les boules puantes sur la presse algérienne paraissant en français en raison de sa position sur l'affaire Charlie Hebdo.Ces attaques sont d'une rare lâcheté et d'une incroyable bassesse. Le quotidien Echourouk a piétiné, dans son édition de lundi, toutes les règles de déontologie et de respect des confrères en insultant, calomniant et diffamant les journaux, les accusant injustement d'avoir «défendu» ceux qui ont porté atteinte au Prophète Mohamed. Une accusation qui relève de l'imaginaire brumeux de celui qui a écrit ce pamphlet violent et haineux. Aucun journal algérien paraissant en français n'a repris les caricatures de Charlie Hebdo, n'a justifié les actes terroristes ou a donné raison à ceux qui ont heurté les sentiments des musulmans.Ces journaux ont, par contre, critiqué les dérives extrémistes des marches du vendredi en soutien au Prophète Mohamed. Echourouk et Echourouk TV, qui se sont comportés comme s'ils avaient eux-mêmes «organisé» ces marches, oubliant leur mission médiatique, n'ont pas apprécié la lecture politique différente faite par leurs confrères francophones de ces marches marquées par des actes de vandalisme et des propos justifiant les crimes de Paris.L'absence d'une véritable autorité de régulation de l'audiovisuel et le statut curieux d'entreprises étrangères commencent à poser un sérieux problème, celui de ces chaînes de télé privées algériennes qui s'égarent en versant dans un discours haineux, antidéontologique sans aucun respect des règles professionnelles. Avoir une ligne éditoriale et une position idéologique est une chose, insulter, lyncher et désigner les confrères à la vindicte populaire est une autre chose.




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