Le curseur des prix

A moins d'un mois de l'Aïd El Kebir, les yeux des ménages sont fixés sur le baromètre des prix de la viande pour savoir de combien serait le coût de la fête. Les commentaires sont à foison et les supputations se multiplient comme si on assistait à une bourse fluctuante selon les rumeurs et les dires. Mais seuls les éleveurs et les maquignons connaissent les niveaux des curseurs indiquant par avance les prix futurs des moutons.Chacun y va avec son commentaire et on susurre que les coûts des agneaux varient entre 60.000 et plus de 100.000 dinars. Tenant compte de la moyenne générale des salaires et l'exigence financière du sacrifice, le ratio laisse plus d'une famille dubitative.
Les autorités publiques n'ont pas ignoré la situation problématique dans laquelle se débattra la majorité de la population et elles ont initié et encouragé des solutions palliatives pour amortir le réel embarras coûteux à venir. Des banques, des associations, des ?uvres sociales des administrations et organismes publics et privés ont été mis de la partie pour aider à l'accomplissement d'une recommandation religieuse que les fidèles jugent imparable. La démarche n'est pas aisée malgré que le gouvernement ait pris les devants en soutenant en amont le monde de l'élevage.
L'épreuve est lourde pour tous. Née d'une situation économique mondiale désastreuse, elle ne peut se suffire d'accommodements nationaux, aussi importants soient-ils. La faim, la soif et le besoin étranglent le monde entier, y compris les pays supposés nantis. Aussi, à l'impossible nul n'est tenu d'autant que les multiples crises qui n'épargnent pas le monde entier exigent des Algériens aussi un réalisme forcé pour adapter leurs comportements en fonction de leurs moyens. Se plier en quatre et s'endetter pour un chef de famille pour s'aligner sur un précepte religieux qui n'est pas obligatoire n'est plus une juste et sage conformité. C'est au contraire une entorse au bien-fondé de la religion et de la foi.