Algérie

Le culte fécond ou stérile du passé



Avez-vous remarqué combien semble quelque peu exagérée la propension de certains d'entre nous à se réfugier dans le passé, à l'idéaliser, à le draper de toutes les vertus ' «Naguère, n'arrêtent-ils pas de susurrer, la vie n'était pas facile mais les gens étaient probes et vaillants, les esprits étaient moins fainéants et agressifs que de nos jours, les c?urs étaient plus francs et plus tenaces». Cela n'est ni totalement faux ni entièrement exact mais cela donne une indication sur la mentalité des tenants d'un tel discours, surtout lorsqu'il est répétitif. En général, lorsqu'on voue un culte excessif au passé, c'est soit parce qu'on est l'orphelin inconsolable d'un supposé paradis perdu, soit parce que les temps présents sont frustrants et que les lendemains font peur ou paraissent compromis. Entretenir un devoir de mémoire scrupuleux est, certes, un exercice noble et le contraire du reniement, sauf si l'on s'en sert comme un cache-misère ou si cela dispense de regarder droit devant soi et d'aller de l'avant. Dans notre pays, par exemple, on n'arrête pas de commémorer à longueur d'années les anniversaires de la naissance et de la disparition de nos personnages illustres mais on oublie malheureusement de promouvoir les conditions favorables pour aider à l'apparition des jeunes élites, notamment aux différents postes de responsabilité.Un passé même grandiose, lorsqu'il n'engendre pas un présent fertile, est une sorte de miroir où se reflètent d'abord les défaites et les cicatrices d'aujourd'hui. En réalité, la convocation du passé n'est fructueuse que si c'est une occasion pour établir un bilan sans complaisance de soi-même et de ses actes et faire son examen de conscience, ensuite utiliser cette immersion dans la mémoire comme un tremplin pour fabriquer de l'avenir. Mais attention aux sacralisations béates des «ancêtres» ou à leur récupération sans vergogne et avec des arrière-pensées ! «Oui messieurs, nous aussi, nous avons le culte du passé.(...). Nous en avons pris la flamme. Vous n'en avez gardé que la cendre», écrivait l'homme politique français Jean Jaurès.


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