Algérie

Le cube (18)



Dalal Abou Aïcha, 14 ans, est plongéedans la tristesse en ce début deRamadhan ; pour la première fois, elleva se retrouver seule pour la rupture du jeûne.Ses parents, ses deux frères et sa soeur ont ététués lors de l'offensive israélienne contre labande de Ghaza, en janvier dernier. L'adolescentene veut pas parler de cette journée oùelle a perdu tous les siens. Sa jeune tante,Oum Adel, 29 ans, qui s'occupe d'elle à présent,explique que ses blessures sont profondes : « Maintenant que le Ramadhan a débuté,elle se souvient des repas pris avant l'aube,des ruptures du jeûne avec sa famille etdes cadeaux qu'elle recevait de son père. Ellesemble toujours distraite. Elle passe sontemps sur internet ou devant la télé. C'est uneenfant très intelligente mais ses études ontsouffert (de la guerre). » Pour l'oncle deDalal, Rachad, 37 ans, ce Ramadhan est lepire que la famille ait jamais connu : les biensde première nécessité manquent, les cadeauxaussi et les prix atteignent des sommets surles marchés. « La guerre a provoqué tant desouffrances supplémentaires, c'est plus qu'onne peut supporter. La vie de Dalal est difficile,comme pour tous les enfants de martyrs »,dit-il. Selon les services d'urgence palestiniens,plus de 1400 Palestiniens sont mortsdurant l'offensive israélienne de 22 jours(27 décembre 2008 - 18 janvier 2009) dontl'objectif était de faire cesser les tirs deroquettes contre le territoire israélien. Lafamille Al Samouni commence le Ramadhandans une tente dressée sur les décombres desa maison, au sud de Ghaza-ville. CommeDalal, Almaza Al Samouni, 13 ans, ne prendraplus le repas du soir avec sa mère et sessix frères et soeurs, tous tués pendant leconflit. Au total, 29 membres de la familleAl Samouni, dont beaucoup d'enfants, onttrouvé la mort lors d'un bombardement, le 5janvier. Le père d'Almaza a été blessé. « Jen'oublierai jamais ma mère et mes soeurs,déclare la fillette. Le Ramadhan est dur sanselles. Je suis triste parce que ma mère n'estpas là pour préparer les repas pour la rupturedu jeûne et mon père, blessé, ne peut pastravailler. » « Le mois de Ramadhan rouvredes blessures et ravive nos souffrances », renchéritle père d'Almaza, Ibrahim. « Mafemme, mes enfants, mes frères et soeurs, mesoncles, tous ont été tués, et nos maisonsdétruites. Il n'y aura plus jamais de joursheureux », poursuit-il. Ce Ramadhan est difficilemême pour ceux qui n'ont pas étéendeuillés. Sur les marchés, beaucoup d'étalssont vides et les produits disponibles, souventimportés via les tunnels de contrebande entrel'Egypte et le territoire de Ghaza, atteignentdes prix exorbitants.Résumé des épisodes précédents : des agents du renseignementsont arrivés à la plage de Sidi Krafess pour enquêter sur lecube. L'un d'entre eux a même cru détecter des gens qui mangentdedans.L'homme, dont la fonction est d'être suspicieux, a fait le tour ducube, à peine intrigué par les inscriptions illisibles sur l'une des parois.Du Chinois ' Son collègue n'est pas convaincu : Des gens qui mangeraient dans le cube ' Les mécréants se cachent partout pour manger, comme les oiseauxpour mourir. C'est connu. L'année dernière, on en a même attrapé unqui mangeait un sandwich dans un arbre. Un oiseau ' Non, un Algérien.L'homme, qui semble être le chef, a refait un autre tour du cube, enrepassant par les inscriptions. C'est peut-être des Chinois qui mangent.Puis, toujours debout, s'est retourné vers la plage et le sable, observantl'assemblée d'estivants dormant sous des parasols, à l'exceptionde la mère Bentob, occupée à cuisiner. En cette mi-août, la chaleurest torride. Et ceux qui ont décidé d'y passer une partie du ramadancommencent à regretter leur geste, d'autant qu'ils savent que ce n'estqu'un feuilleton, auquel ils participent par hasard. La faim et la soiftenaillent tout le monde, à l'exception bien sûr de Yu, le Chinois, etSoulimane, l'échappé du Panaf, non concernés. Tu dois faire le ramadan Soulimane, lui dit d'ailleurs Jalil. Tu es musulman,même si tu es Noir. Je fais ce que je veux, lui a répondu le guinéen. Même si je suisNoir. A cause de toi, Dieu va nous maudire. Il a d'ailleurs envoyé un cubediabolique. Ce cube n'a rien de diabolique. Je sais ce qu'il y a dedans.De loin, l'un des agents du DRS a entendu la dernière phrase. Il s'estapproché de Soulimane. Je suis sûr que tu n'as pas tes papiers. Vous êtes qui ' Amn. Pardon 'Jalil a traduit : C'est comme la police. Mais en plus dur....à suivre.


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