Algérie

le Croissant-Rouge de Dar El Beïda à plein régime Solidarité populaire envers les nécessiteux



le Croissant-Rouge de Dar El Beïda à plein régime                                    Solidarité populaire envers les nécessiteux
Pour la neuvième année consécutive, le Croissant-Rouge algérien de Dar El Beïda offre le repas du Ramadhan.
Pour la neuvième année consécutive, le Croissant-Rouge algérien de Dar El Beïda offre le repas du Ramadhan. Pendant ce mois sacré, ses bénévoles se donnent corps et âme chaque jour pour que les Algériens, dans le besoin, puissent calmer leur faim à l'heure du f'tour.Rue Mouloud Feraoun, 8h, Dar El Beïda. Bouatba Mohamed et Mme Idjeraoui Nadia, respectivement président et secrétaire générale du Croissant-Rouge algérien (CRA) de Dar El Beïda commencent leur journée. Aujourd'hui, comme tous les autres jours du mois de Ramadhan, ils partent faire les courses pour le tant attendu repas du soir. Boissons, viandes, fruits, légumes, tout est acheté avec les sous amassés au cours de l'année grâce aux activités qu'ils organisent, aux salles qu'ils louent et aux dons qu'ils reçoivent.
Leur autonomie financière leur a même permis de faire des provisions dès le mois de juin. Chaque année, entre 700 000 et 800 000 DA sont dépensés par le CRA de Dar El Beïda, uniquement pour les repas du Ramadhan. «Ce n'est pas grand-chose pour faire manger plus ou moins 200 personnes par jour. Surtout avec le coût de la vie qui augmente, particulièrement pendant le mois du
Ramadhan», a souligné le président. «D'autant plus qu'on achète des produits de qualité, a ajouté la secrétaire générale. Et ça, c'est très important parce qu'on veut faire du bien ; alors qu'on le fasse correctement en choisissant des aliments de premier choix», précise-t-elle.
Parmi la vingtaine de bénévoles, quinze travaillent avec eux depuis les débuts. «Bien qu'ils aient des tâches ailleurs et que certains travaillent dans la journée, ils viennent tous nous aider avec plaisir», souligne la secrétaire générale.
«Nous avons des jeunes bénévoles très dynamiques, qui donnent entière satisfaction. C'est l'équipe avec laquelle on travaille depuis le premier restaurant. Et comme on dit, on ne change pas une équipe gagnante. Même les gens qui viennent manger ici se sont habitués au personnel», fait remarquer Laïmache Youcef, un médecin qui vient surveiller le repas du Ramadhan pour s'assurer que tout se passe bien. Travailler bénévolement pour le Croissant-Rouge pendant le Ramadhan, «c'est un virus ! Soit on l'a, soit on ne l'a pas. Et puis, une fois contracté, il n'y a pas d'antidote. J'aurais pu aider mon prochain avec beaucoup d'autres associations, mais ici c'est une histoire de famille», ajoute Kamel Souig, un journaliste de Canal Algérie, bénévole depuis 11 ans pour l'organisme.
Une cuisine chaleureuse
La cuisine du CRA de Dar El Beïda est occupée depuis neuf ans par la chef cuisinière, Saïd Samia, et ses acolytes pendant le Ramadhan. Présentes de 9h à 22h chaque jour, éplucheurs et couteaux à la main, elles pèlent, tranchent et cuisinent les légumes avec soin. Pendant ce temps, la chorba et la viande nécessaire à la préparation des boureks et du plat principal mijotent dans de grandes casseroles, qui amplifient la chaleur ressentie de l'été. C'est le ventre vide que ces femmes cuisinent des journées entières, dans des températures étouffantes, sans se plaindre, pour remplir le ventre des autres.
Cette volonté remarquable, Mme Badrab, elle-même bénévole pour la deuxième année, l'admire : «Ces dames qui travaillent toute la journée dans la cuisine, elles sont là du matin à la rupture du jeûne. Elles dînent ensuite avec le staff, rentrent chez elles, puis reviennent le lendemain. Elles ont un courage exemplaire. Sans elles, ce ne serait pas possible d'offrir tous ces repas.» Mtawam, kbab, tous les plats traditionnels algériens sont mis à l'honneur par le CRA. «On essaie d'offrir un menu varié, en respectant les traditions. La chorba et les boureks sont servis à chaque repas. Seul le plat de résistance diffère, selon l'inspiration du jour», mentionne Mme Idjeraoui. Les salles intérieures du CRA de Dar El Beïda n'étant pas climatisées, l'équipe a décidé d'aménager l'arrière-cour pour l'occasion. Tables nappées, chaises, drapeaux nationaux et des rameaux pour faire un toit y ont été installés.
Des repas pour tout le monde
Les portes du CRA sont ouvertes à tout le monde, pas seulement aux Algériens ou aux nécessiteux. La plupart des personnes qui viennent y manger sont des ouvriers et des hommes qui travaillent dans les sociétés et les zones industrielles de Dar El Beïda. «Ces personnes travaillent loin de chez elles et n'ont pas les moyens de repartir à la maison chaque jour», spécifie M. Bouatba. D'autres ne sont que de passage, comme ceux qui ratent leur vol. «Il nous arrive aussi d'avoir des familles et des femmes. Nous avons une moyenne de quatre femmes par jour seulement. Cette année, l'une d'entre elles est enceinte», mentionne le président. Le CRA prépare toujours des quantités supplémentaires pour les imprévus. «L'année dernière, par exemple, beaucoup de Tunisiens venaient faire leur transit ici, en raison de la guerre civile qui les atteignait. Et cette année, on accueille quelques Syriens.»
L'organisme va même jusqu'à servir des repas préparés spécialement pour les personnes qui travaillent, mais qui ne peuvent pas se déplacer pour aller manger. Nouveauté cette année, la mosquée El Feteh a sollicité le Croissant-Rouge algérien de Dar El Beïda pour qu'il leur fournisse des dattes, du lait et de l'eau minérale. «On a accepté leur demande. On leur achète tout ça chaque jour pour que les gens puissent casser le jeûne là-bas», précise Mme Idjeraoui.
Un service complet
Les serveurs arrivent vers 17h pour garnir les plateaux mis en place quotidiennement par la bénévole Farida Boutoutou.
Après avoir salué les cuisinières et les administrateurs, les garçons de service enfilent leur dossard rouge. Chacun s'occupe conjointement de déposer trois dattes, verser du lait dans les gobelets, poser deux boureks dans les assiettes et garnir le tout d'un fruit en guise de dessert. Pendant ce temps, d'autres tranchent les baguettes, fraîchement livrées. Puis, après avoir déposé les paniers de pain sur les tables, Saïd Samia leur sert la chorba dans de grands bols, pour qu'ils la versent à leur tour dans le bol des invités.
Finalement, juste avant d'ouvrir les portes, les bénévoles servent le plat principal pour que les plateaux soient complets et prêts à être consommés dès l'entrée des 200 personnes attendues.
Assis seul sur une bordure de trottoir à lire le journal ou en binômes à discuter, certains habitués des repas du Croissant-Rouge attendent un peu à l'écart du bâtiment vert, pour éviter que leurs pairs les remarquent, alors que d'autres font la file juste devant.
L'ouverture des portes ne se fait que quelques minutes avant le f'tour. Les bénévoles les font entrer par quinzaine, le temps de les laisser s'installer. «50% des personnes qui se présentent ont l'habitude de manger ici depuis trois ans. Elles sont devenues familières pour nous», indique le président.
Mme Badrab qualifie d'ailleurs ces gens de «courageux, parce qu'ils travaillent toute la journée, font la chaîne dehors et attendent pour manger. Lorsqu'ils arrivent, ils ont un peu la tête baissée. Ils ont une certaine pudeur et une certaine tristesse. Ils sont un peu gênés. Mais dans la misère, ils restent dignes et humbles. Après la rupture du jeûne, lorsqu'ils repartent, on peut esquisser un petit sourire et des yeux pétillants. Quelque part, on leur a donné un peu de bonheur et de joie. On sent qu'ils sont contents», affirme-t-elle, elle-même avec le sourire.
Lorsque tout le monde est finalement à table, les bénévoles se dirigent dans la salle juste à côté de la cuisine pour manger eux aussi. Fatigués, mais toujours souriants, ils prennent place calmement. «Bismillah», s'exclament-ils tous en ch'ur, avant de mordre dans une datte. Cuillère à la main, la chorba est dégustée avec les boureks à la viande et au fromage, avant d'entamer le plat de résistance.
En moins d'une heure, les bénévoles ont terminé de manger et se remettent aussitôt au travail.
Pendant que certains débarrassent et nettoient les tables, un groupe installé en cercle dans la cour lave la vaisselle.
«Pour arriver à faire des missions comme ça, il faut lutter. Pour lutter, il faut avoir un bon c'ur. Il faut travailler par amour, car c'est un travail de pleine volonté. Et, justement, nos bénévoles travaillent avec bonne foi, avec c'ur et avec joie. Ici, on travaille en équipe, la main dans la main. Heureusement qu'il y a une bonne entente entre les jeunes, les dames de la cuisine et nous à l'administration. Cela fait déjà neuf ans qu'on travaille ensemble. L'union fait la force comme on dit», conclut la secrétaire générale.


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