Algérie

Le crime de trop



Le crime de trop
Avant même que la partie ne se termine, le stade de Tizi Ouzou était déjà inondé de pierres sorties d'on ne sait où. Bien avant que Ebossé ne soit touché, c'est le cameraman de la Télévision qui a reçu une pierre jetée de la tribune dite couverte. Quand le cameraman était affalé, il fallait prendre des mesures pour sécuriser un stade qui était devenu un enfer. Il était près de 21h lorsque l'arbitre de la rencontre, Benouza, avait sifflé la fin de la partie sur la victoire de l'USM Alger par le score de 2-1 dans un match où le fair-play avait pourtant prévalu, à l'image justement de ces accolades entre Ebossé et le gardien de l'USMA Zemmamouche. Ces deux joueurs avaient montré par leur geste que le football est avant tout une histoire de joie, de bonheur et d'amitié et non de haine et d'animosité. D'ailleurs, ces accolades se sont même poursuivies entre les deux joueurs à la fin de la partie, et ce, même si l'un (Zemmamouche) jubilait et l'autre (Ebossé) était triste. Un Ebossé qui s'apprêtait à quitter le terrain en remerçiant ses supporters avant que l'un d'eux ne l'assomme avec une pierre. Touché au cou, Ebossé a perdu connaissance. Une première tentative de le réanimer avait été entreprise sur place avant que le médecin du club ne décide son évacuation vers le CHU Nédir-Mohamed, mitoyen au stade. Les médecins tenteront pendant près d'une demi-heure de le réanimer, en vain. Ebossé venait de décéder selon des sources médicales d'un choc vagal, défini comme étant « le fait de perdre connaissance à la suite d'une baisse brutale de la tension artérielle ». Le sang n'arrive plus en quantité suffisante dans le cerveau et c'est la perte de conscience. C'est en fait le nerf vague, la dixième paire de nerfs crâniens encore appelé nerf pneumogastrique, qui est touché. Ce nerf a un rôle important, il empêche le c'ur de battre trop vite. S'il s'excite, par exemple en cas de stress, il va donner l'ordre au c'ur de ralentir, et un c'ur qui ralentit envoie moins de sang dans les artères, et la tension chute. Les efforts de l'équipe des urgences du CHU de Tizi Ouzou n'ont pas réussi à ramener à la vie Albert Ebossé qui a rendu l'âme vers les coups de 22 h. Entre-temps, la cour du CHU Nédir-Mohammed se remplissait de monde. Les supporters affluaient de toutes parts. Ils étaient, hier, nombreux devant la morgue avant que la dépouille du joueur ne soit transférée vers l'hôpital d'Aïn-Nadjaâ pour être rapatriée au Cameroun, aujourd'hui. Non contents d'avoir envahi la pelouse par des projectiles de toutes sortes, les « supporters » s'en sont par la suite pris au service d'ordre, blessant quelques éléments, puis au siège de la DJS dont les vitres ont volé en éclats avant que des énergumènes ne pénètrent par la force dans le domicile du DJS, saccageant et volant son mobilier et surtout traumatisant l'un des enfants, âgé de 8 ans. A l'hôpital, les joueurs et le staff technique de la JSK étaient atterrés. Ils étaient inconsolables suite à la perte de leur ami et coéquipier camerounais malgré le réconfort des supporters mais aussi des joueurs et du coach Vélud de l'USMA. Ils étaient tellement peinés et déprimés qu'ils ont quitté leur hôtel à 2 h du matin. Il leur a été impossible, comme nous le dira Delhoum, « de rester et de voir l'image d'Ebossé planer dans cet hôtel » où l'équipe avait effectué sa mise au vert. Certains joueurs, à l'image de Doukha, avaient de la peine à trouver les mots pour exprimer leur douleur. « Je n'avais jamais pensé qu'un jour je vivrai une telle scène sur un terrain de foot. Je suis tout simplement dégoûté par ce qui arrive dans nos stades », confie le portier kabyle. La JSK vient de vivre le même drame vécu un certain 21 mai 2000 avec la mort d'un autre avant-centre, Hocine Gasmi en l'occurrence, qui avait chuté en disputant de la tête un ballon au défenseur de l'USM Annaba.




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