Algérie

Le crime



La guerre d'Algérie vient de faire irruption dans le débat de campagne pour l'élection présidentielle française d'avril prochain. La manière pose tout de même problème, avec une approche restreinte, et même trop étroite, puisqu'il s'agit de traiter un volet de la guerre faite au peuple algérien depuis 1830. A l'approche du cinquantième anniversaire des accords du cessez-le-feu du 19 Mars 1962, et le 5 juillet prochain de l'indépendance de l'Algérie, il était temps, croyait-on, que tout soit fait pour éviter tout raccourci forcément préjudiciable, et toute espèce de manipulation de la colonisation, ce qui renvoie à des considérations encore plus strictes, là est le fond de la question.C'est le président-candidat, Nicolas Sarkozy, qui a abordé hier ce thème, en parlant de la guerre, comme s'il s'agissait d'un conflit de type classique, opposant deux Etats disposant de statuts et de moyens plus ou moins égaux. Et là, il est inutile de vouloir décrire la guerre, c'est une violence faite aux peuples. La guerre d'Algérie est la suite logique d'une violence faite au peuple algérien, niant jusqu'à son existence. C'est cela la colonisation. Tous les historiens la décrivent de la même manière : invasion, occupation et domination. C'est une longue suite de violences et, justement, la guerre d'Algérie, telle que décidée et menée par les Algériens, a été un moment de rupture avec ce processus qui les a spoliés de leurs biens les plus précieux, comme de leurs droits les plus élémentaires. Les choses étant claires quant à savoir qui a envahi l'autre, le raisonnement devient simple par conséquent, et tout renvoie à la notion même de colonialisme qu'il faille constamment garder à l'esprit pour avoir été imposée à de très nombreux peuples à travers le monde.
Le Congrès de Berlin de février 1882 sur le partage de l'Afrique en a été le point culminant dans une ?uvre qui n'a rien de civilisationnel. Des peuples ont été exterminés, d'autres, et on le voit encore en Afrique, ont été fractionnés. Et comme la mode est aussi à un certain pacifisme, il y a eu des approches non violentes, mais non moins dangereuses, comme celles qui consistent pour le colonisateur de décréter chez les autres l'égalité des droits. Et encore quelle égalité ! On aura tout vu, et cela parfois, mais pas toujours il est vrai, avec la complaisance d'historiens qui parlent de la colonisation au cas par cas, et non pas d'une politique historiquement voulue et assumée par différentes autorités, comme si cela était possible.
Un tel exercice permet de déboucher, bien entendu, sur la guerre et ses atrocités, inévitables, diront tous les spécialistes, mais l'approche procède, bien entendu, de la falsification, car les Algériens, qui luttaient pour le recouvrement de leurs droits, n'avaient plus aucun choix. Le recours à la violence leur a été imposé. C'est une suite historique contre l'avis de ces historiens, amenant à se demander si ces derniers se trompent, ou s'ils ne se livrent à un tel exercice que pour tromper les autres.


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