Algérie

Le cri du peuple



Mardi 11 décembre. Au plus fort de la journée, s?il y avait bien une voix que les Algériens auraient voulu écouter, c?était celle du président de la République. Mais elle fut dramatiquement absente et, désespérés, en quête de réconfort et surtout de poing tapé sur la table contre l?hydre tueuse, les citoyens n?eurent droit, au JT de vingt heures, qu?à la piètre prestation du chef du gouvernement qui, fatalement, sombra dans l?apologie de la « réconciliation nationale ». Quoi ? Encore cette « main tendue » aux terroristes alors que coulait encore à flots le sang des suppliciés de Hydra et d?El Biar et que des personnes gisaient encore sous les décombres ? Un chapelet de responsables de partis et d?organisations triés sur le volet par la télévision récita la même litanie que Belkhadem, quoique quelques radios laissèrent fuser la colère de gens de la rue : ils ont appelé à ne jamais céder ni croire les terroristes et surtout fermement interpellé l?Etat à ne répondre au crime que par le châtiment. Ce fut le ton le plus juste, du fin fond de la société algérienne qui ne croit plus au retour dans le « droit chemin » de terroristes structurés dans une organisation criminelle de dimension régionale et de stature internationale, à l?idéologie claire. Les Algériens savent cela, notamment depuis le 11 avril dernier lorsque le feu se déchaîna sur d?autres cibles à Alger et à Dellys et que des enfants furent enrôlés comme kamikazes. Ce qui conforta les citoyens dans leur conviction fut la riposte de l?été des services de sécurité abattant plusieurs chefs du GSPC de haut rang. L?évidence que la « réconciliation nationale » a fait son temps n?est pas acceptée pour des raisons qui tiennent essentiellement à la politique politicienne. Ses tenants les plus acharnés se recrutent essentiellement dans la sphère du pouvoir et au niveau de sa périphérie partisane. Leur souci majeur est de ne point se mettre en porte-à-faux avec le président de la République, initiateur de l?initiative. Bouteflika en a fait l?épine dorsale de sa politique, étalée sur dix années. Et ce n?est pas maintenant, à l?heure du bilan de ses deux mandats, qu?il serait susceptible de faire marche arrière ou de faire son mea culpa. Ce serait contre-productif pour lui alors qu?il se trouve sur le chemin d?un troisième mandat. Son absence le mardi 11 décembre s?expliquerait autant par ce calcul électoral que par le malaise créé par l?impasse dans laquelle se trouve la « charte pour la paix ». 2008 avec ses jeux électoraux interlopes risque d?être une année de tous les dangers pour la population : sa sécurité pourrait être reléguée au second plan, instrumentalisée ou sacrifiée à l?autel de l?ambition présidentielle. Quinze années barakat, c?est le cri du peuple. Mais qui l?entend vraiment ?


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)