Ils sont quelque 200 étudiants subsahariens, toutes nationalités confondues, qui poursuivent leurs études à Constantine, un nombre relativement modeste quand on sait, pour l'exemple, que l'université de Guelma en compte 300 et Béjaïa près de 800. Il n'y a rien d'étonnant sans doute à cela, sauf que les conditions de séjour semblent un peu plus difficiles que partout ailleurs, si l'on en croit le «Club des étudiants subsahariens de Constantine», assez en tous cas pour justifier la démarche inédite, entreprise avant-hier par ses animateurs, venus au «Quotidien d'Oran», de guerre lasse avec la direction des oeuvres universitaires de Nahas Nabil, lancer «un véritable S.O.S...». La goutte qui a fait déborder le vase est anecdotique, mais elle résume, toute la situation de malaise qui prévaut au sein de la petite communauté d'étudiants subsahariens composée de 18 nationalités. Le club, apprend-on, ne peut organiser une activité culturelle, à laquelle sont invités leurs compatriotes étudiants à Guelma, prévue les 28 et 29 février 2008, avec, au menu, une conférence du Pr Sekfali sur l'histoire contemporaine de Constantine à l'auditorium Seddik Benyahia, un match de football, une visite de la ville, un dîner au restaurant etc... au motif que la direction des oeuvres universitaires «est restée sourde à cette énième demande». Le secrétaire général du Club, Louré Arouna du Burkina Faso, étudiant en 3ème année de médecine, entouré de Maïga Abderrahmane, Togola Mohamed, en 6ème année de médecine, Cissé Oumar étudiant à l'INATA, tous trois du Mali, et membres du bureau du Club décident alors d'exprimer, aujourd'hui, publiquement, au nom de l'ensemble des 200 étudiants subsahariens de Constantine... «Un ras le bol» unanimement partagé, disent-ils. «C'est un S.O.S que nous lançons... qu'on nous écoute... que l'on sache que nous existons... à qui s'adresser ? A la vérité, Il faut savoir que ces jeunes étudiants subsahariens, qui viennent souvent de pays africains lointains comme le Mozambique, l'Ouganda, le Kenya, Madagascar, le Cameroun, La RDC, le Ghana, etc... ne retournent chez eux qu'une fois leurs études, toutes filières confondues, terminées. Autant dire une moyenne de 5 années et plus pour les étudiants en médecine, étant entendu que l'écrasante majorité d'entre eux n'a pas les moyens de se payer un billet d'avion entre 600 et 1.000 Euros. Il faut être apte à vivre à Constantine avec 2.700 dinars algériens par trimestre, été comme hiver, sans congés ni vacances, ni fêtes, ni visites familiales... c'est le vide sidéral. «Savez-vous, martèle Louré Arouna, que pendant les périodes des vacances quelles qu'elles soient, à Constantine, quand les étudiants algériens sont partis tout est fermé, absolument tout et cela dans toutes les résidences universitaires : plus de restos «U», plus de douches, plus de chauffage l'hiver, plus d'infirmerie etc... on est juste hébergé à 80 ou 120 DA par mois et par personne». «Si en plus on ne peut pas s'organiser pour recréer un semblant de vie commune, qui peut compenser le déficit important et long de la vie de famille, des amis, etc... alors, la situation devient insupportable pour beaucoup d'entre nous sur le plan psychologique et pour notre équilibre». Sur ce registre, Cissé Oumar, étudiant en industrie agroalimentaire à l'INATA, rappelle que chaque année, quelques cas de dépressions nerveuses touchent des étudiants qui sont alors rapatriés vers leur pays. Il y a même eu un cas sévère qui a nécessité l'internement de l'étudiant malade», nous dit-il. Pour éviter les malentendus, le petit groupe d'étudiants insiste pour dire «que sur le plan pédagogique, il n'y a absolument aucun problème». Une interrogation qui résume beaucoup de choses, exprimée par Louré Arouma, comment trouver quelqu'un à qui parler, un interlocuteur au niveau de l'administration des oeuvres universitaires ? L'étonnant est que cette situation de neutralisation non-stop, à Constantine, de toute activité culturelle et de loisirs fortement préjudiciable est unique en son genre, affirment unanimement les représentants des étudiants subsahariens, puisque de Guelma à Béjaïa en passant par El-Tarf et partout sur tout le territoire national, leurs compatriotes étudiants ne rencontrent aucun problème pour organiser un minimum vital de rencontres et de manifestations. Du côté de la direction des oeuvres universitaires concernées, au chapitre du rendez-vous culturel du 28 et 29 février prochain sollicité par le club des étudiants subsahariens, «normalement, nous dit-on, la manifestation sera autorisée... pour le reste, c'est-à-dire les activités à longueur d'années, les choses seraient liées à un écheveau de paramètres organisationnels, sécuritaire, etc... dépendant d'un large éventail de responsabilités. C'est pourquoi les demandes en question sont traitées au cas par cas !
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Posté Le : 25/02/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : K B
Source : www.lequotidien-oran.com