Algérie

Le cri de colère des médecins libéraux



Grosse colère chez les médecins libéraux. S'estimant «recalés» du système de santé et laissés pour compte dans cette conjoncture de pandémie, ils dénoncent leur exclusion de la stratégie de lutte contre le Covid-19. Le Syndicat national des médecins libéraux monte au créneau, décrivant des situations kafkaïennes de médecins dépourvus de moyens de protection et recevant de plus en plus de cas suspects. Une lettre a été adressée au Premier ministre pour lui faire part de la grogne de la corporation et poser la problématique du statut de la médecine libérale.Nawal Imés- Alger (Le Soir)- Les médecins, toutes spécialités confondues, exerçant en dehors du secteur public, ne cachent plus leur colère. Leur syndicat s'en fait le porte-voix. Le Dr Mustapha Benbraham, président du Syndicat national des médecins libéraux (SNML) évoque une situation des plus intenables pour des praticiens «recalés du système de santé» et «lâchés» par la tutelle. Les raisons ' Les conditions dans lesquelles sont réduits à exercer les médecins libéraux en l'absence d'équipements de protection, mais surtout d'un véritable parcours de soins permettant d'assurer le suivi d'un cas suspect. Le président du SNML explique, en effet, que : «Aujourd'hui, avec la flambée des cas et la cohue qui caractérise le secteur public, les patients reviennent vers leurs médecins de famille et nous sommes en train de recruter les malades n'étant pas considérés comme première ligne, nous nous sommes retrouvés là par la force des choses. Je défie quiconque de dire le contraire. Le danger, c'est que les médecins du secteur public sont préparés matériellement et psychologiquement à prendre en charge des malades atteints du Covid-19, ce qui n'est pas le cas du médecin de ville qui reçoit autant une angine qu'un Covid-19». Pire encore, face à un cas suspect, le médecin libéral ne dispose, dit-il, d'«aucun algorithme décidé par le ministère pour la prise en charge d'un cas suspect ni d'un parcours de soins effectifs. Quand on reçoit un malade suspect, on devrait pouvoir avoir un parcours de soins pour canaliser le malade et pouvoir évaluer la suite et ne pas le perdre de vue. S'il ne veut pas aller faire son scanner ou sa PCR, nous n'avons pas les moyens de le vérifier». Le Dr Benbraham est formel : depuis le début de la pandémie, les médecins libéraux n'ont reçu aucune note de la part de leur tutelle, ce qui, dit-il, est « assez grave puisque le libéral prend 70 % des besoins de la population en matière de soins et 90 % en matière de biologie. Les seuls scanners qui fonctionnent sont quasiment ceux du privé. Comment est-ce possible de se passer de ce corps et de ne pas l'impliquer '» Le Dr Benbraham rappelle que : «Nous avons eu deux ou trois rencontres avec les deux ministres de tutelle pour être dotés des moyens de protection. Au début de la pandémie, il n'y avait pas de blouses, de surblouses ni même de masques. Comment pouvions-nous aller en guerre sans être équipés ' C'est du Kafka ! Nous avions alors eu quelques promesses qui n'ont jamais dépassé ce stade. On avait imaginé des commissions ad-hoc au niveau des wilayas avec des pharmaciens référents pour pouvoir équiper les médecins mais cela a été une mesure dilatoire qui a traîné pendant deux mois» et d'ajouter : «Au début, on se fournissait auprès de la PCH , au bout de deux mois et demi certaines wilayas ont reçu 5 bavettes par médecin, alors que le ministère avait défini l'équipement adéquat pour pouvoir exercer. Il y a contradiction ! Les médecins ont alors été obligés pour certains de fermer leurs cabinets et on fait face aux menaces de retraits des agréments.» Au fil des semaines, les médecins libéraux ont payé un lourd tribut avec le décès de plusieurs d'entre eux et continuent de faire ce que le président du SNML qualifie de «comptabilité macabre» faite avec beaucoup de douleur et de colère. Face à cette situation, le SNML saisit le Premier ministre par courrier et compte poser la problématique de la médecine libérale qui, selon son président, «n'a pas de statut ni d'identité professionnelle», estimant qu'il est temps de démontrer l'importance de la médecine de ville, qui est pérenne.
N. I.


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