Algérie

Le creuset de l'algérianité dans sa pluralité



L'évolution de la revendication amazighe est indéniableLa question du tamazight n'est plus posée comme une sorte de déni identitaire dans son expression politique. Ce chapitre a été clos dans la mesure où même les acteurs et les fervents défenseurs de la cause amazighe n'abordent plus cette question.
La variante identitaire qui constitue l'une des composantes de notre référentiel identitaire et de personnalité nationale, à savoir tamazight, se voit ballotée entre sa raison d'être comme une composante reconnue pleinement en tant que langue nationale et officielle et comme un levier qui doit être développé et promu dans le cadre du mécanisme constitutionnel qui lui est dévolu. L'évolution de la revendication amazighe est indéniable, le combat pour sa constitutionnalisation et son officialisation en tant que langue nationale n'est pas à démontrer pour ceux qui ont suivi le parcours et le chemin escarpé de la cause berbère et de sa consécration. Certes, l'identité qui a été depuis longtemps marginalisée et minorée pour des raisons multiples, à commencer par la période coloniale, surtout durant la période où le Mouvement national était dans sa phase de balbutiements et de décantations. Cette variante nationale et historique par excellence, se heurte aujourd'hui à des incompréhensions et des appréhensions où tout est imbriqué pêle-mêle.
Le socle identitaire et le jeu de la récupération
Les démarches qui se confrontent à ce niveau n'ont rien d'objectif et réaliste à la fois. Une revendication, qui rassemble et fédère le potentiel national dans son algérianité et sa pluralité comme dimension phare et civilisationnelle, se fait maintenant transformer en un instrument de tiraillements et de nivellement vers le bas, à cause d'approches biscornues et vidées de substance censée renforcer ce ciment et cette consolidation des variantes et composantes comme éléments de diversification, voire une mosaïque de cette richesse culturelle, linguistique et identitaire du pays.
Les marches et les manifestations qui viennent de s'exprimer dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira et Batna où les étudiants et les jeunes en général constituaient la matrice de ce mouvement qui semble esquisser un contenu revendicatif qui se veut comme démarche à double prolongement, celui de la revendication amazighe comme langue nationale qui doit bénéficier de sa promotion via un enseignement obligatoire sine die, et un deuxième prolongement qui a été soulevé par les marcheurs et les manifestants, celui de la loi de finances où le rejet s'exprime à la fois pour l'inexistence d'un budget consacré au financement de l'enseignement obligatoire au niveau de territoire national et sa promotion tous azimuts.
Le débat autour de ce volet mérite qu'il soit dépassionné, il nécessite tout de même que l'on aborde avec sérénité et responsabilité en tenant compte du contexte général de la situation socio-économique et politique qui sous-tend cette question et d'autres questions à caractère national et qui ont trait à la crise dans son ensemble.
Faire une fixation uniquement sur l'effectivité de l'enseignement obligatoire de la langue amazighe comme cela est posé par le Parti des travailleurs (PT) sans faire un discernement objectif de la conjoncture actuelle du pays, sachant que la problématique du tamazight en sa qualité d'élément revendicatif a été prise en charge sur le plan politique, constitutionnel et institutionnel même.
L'approche politicienne qui relève de la récupération émanant de tous bords même de ceux qui affichaient leur hostilité à l'égard de cette variante légitime, ne pourrait cette fois-ci, se constituer comme un piédestal, voire un tremplin pour ceux qui font de la politique un prolongement d'une vision, non pas propre à une logique programmatique et relevant d'un projet de société avec une ligne fondatrice faisant de l'algérianité une quintessence inviolable et inaliénable, non, ils se plaisent dans la démarche parcellaire et réductrice de la pratique politique qui consiste à réduire toute la dimension nationale pour des raisons qui ne se justifient que dans l'approche étroite, répondant aux intérêts de castes et de groupes au détriment d'un ensemble national qui n'est peut-être que le terreau et le creuset de la personnalité nationale dans sa pluralité et sa triptyque identitaire en parfaite synergie et interaction.
La question du tamazight n'est plus posée comme une sorte de déni identitaire dans son expression politique. Ce chapitre a été clos dans la mesure où même les acteurs et les fervents défenseurs de la cause amazighe n'abordent plus cette question et ce thème de la reconnaissance de cette variante identitaire nationale sur un plan politique, puisque la limite de la revendication a atteint son objectif qui sied à sa nature comme langue nationale et officielle du pays, en la scellant par un mécanisme constitutionnel qui fait d'elle une dimension pérenne et irréversible.
Donc, ceux qui veulent faire de tamazight un cheval de bataille dans un terrain qui ne lui sied pas, c'est-à-dire le terrain politique avec ses représentations économiques, financières et sociales, on ne peut mieux d'ordre de réel qu'il faut assumer sans faire appel à des éléments de l'identité nationale et surtout relevant d'un caractère réunificateur et rassembleur. Le jeu qui s'exerce en recourant aux valeurs nationales ne vise ni la promotion ni l'effectivité de l'enseignement obligatoire de tamazight, derrière cette demande, il y a des desseins politiques inavoués pour faire dans les trouble-fêtes à défaut de ne pas avoir, ni pouvoir jouer les premiers rôles sur l'échiquier politique national.
Le «technique» sacrifié sur l'autel du politique
L'échec électoral, même s'il est soutenu par un argumentaire «politique» du genre qu'il y a eu fraude massive lors des dernières joutes électorales, à savoir celle des législatives du 4 mai, et des locales du 23 novembre dernier, ne justifie pas le recours à une justification, voire un argument qui n'est autre qu'une argutie où l'essentiel de la problématique s'est vu détourner pour qu'il soit placé en dehors de la vraie problématique politique en le teintant d'une couleur aussi sensible et ravageuse, comme c'est le cas pour la question de la variante identitaire ou communautariste.
Le débat est ailleurs, c'est celui de l'affirmation politique, que ce soit via les urnes ou le travail politique qui se respecte. Celui de partis responsables qui assument leurs échecs et aussi leurs militances qui ne s'arrêtent pas uniquement lors d'un processus électoral, mais il continue comme processus politique qui s'inscrit dans le temps.
L'enseignement de tamazight relève maintenant de technique, il n'est plus politique. Certes qu'il faut la généraliser et la doter des moyens de sa promotion à tous les niveaux, y compris au niveau académique. Mais cela ne devrait pas se faire au nom d'une démarche politicienne partisane, faute d'échec et de banqueroute politique on essaye de souffler sur la braise pour atomiser le ciment et le creuset qui se propose comme le garant de nos trois composantes qui constituent la personnalité et l'identité algérienne, à savoir la République.


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