Algérie

Le crédit documentaire en grande partie responsable


Ils n'ont malheureusement jamais été entendus en dépit du marasme qu'il a fait subir aux industriels algériens, en termes de renchérissement des prix des matières premières importées, de ruptures de stocks et d'assèchement des trésoreries d'entreprises.
Outre que la pratique du crédit documentaire ne s'improvise pas et requiert tout un savoir-faire dont ne disposaient malheureusement pas nos banques, ce type de moyen de paiement international coûte cher et sa mise en œuvre est très longue. Selon une récente estimation du FCE, l'Algérie aurait perdu un peu plus d'un milliard de dollars sur la quarantaine de milliards dépensés l'année dernière en importations diverses. Le milliard de dollars ainsi perdu a été englouti dans les frais de confirmation exigés par les banques des fournisseurs. Un surcoût que les importateurs n'ont évidemment pas manqué de répercuter sur leurs clients algériens ou dans le prix de revient des produits usinés à  partir des inputs importés. La longue mise en œuvre du crédit documentaire – que le FCE  estime entre 60 et 90 jours –, l'impact sur les délais d'approvisionnement est également de nature à  faire déraper les prix, notamment lorsque les échéances de paiement tombent en pleines phases haussières, dans le cas des produits cotés en Bourse par exemple. Les surcoûts ainsi subis seront eux aussi, on n'en doute pas, répercutés sur les industriels et les clients finaux qui paieront ainsi plus cher les marchandises importées. L'autre inconvénient majeur du crédit documentaire est qu'il requiert la mobilisation de l'intégralité du coût financier du contrat d'importation. Cette exigence des banques des fournisseurs contraint de nombreux importateurs algériens à  se rabattre sur le marché informel de la devise pour alimenter leurs comptes, de manière à  y répondre. Les devises, notamment l'euro qui est la principale monnaie de paiement des importations, ont de ce fait subi une nette envolée ces 12 derniers mois, causant un net effondrement du dinar aussi bien sur les marchés parallèles que sur le très officiel marché interbancaire de la devise, étroitement contrôlé par la Banque d'Algérie. Dopés par cette forte hausse du cours des devises, les produits importés vont évidemment coûter plus cher lorsqu'ils seront convertis, sur le marché algérien, en dinars, devenus par la force des choses monnaie de singe. Si les mesures que vient de prendre le conseil interministériel peuvent effectivement stabiliser momentanément les prix de l'huile et du sucre qui auraient subi les plus fortes hausses, en agissant surtout sur le levier des taxes et certaines contraintes administratives, il ne pourra par contre jamais juguler les prix des autres produits de base qui ne manqueront pas de repartir dès les tout prochains jours à  la hausse sous l'effet de l'inflation qui affecte de nombreux produits étrangers, notamment européens, et des conséquences négatives du crédit documentaire que nous avons signalé plus haut et que le gouvernement s'entête à  maintenir en dépit des résultats décevants obtenus sur le volume et le coût des importations (plus de 50 milliards de dollars en 2010) qu'on avait pourtant prétendu juguler au moyen de ce mode de paiement.
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