SDF et malades mentaux dans le même «foyer des personnes âgées» C’est une action de solidarité sans précédent que celle réalisée, dans la nuit de mercredi à jeudi derniers, par la «cellule de prise en charge des SDF» installée récemment Sidi Bel-Abbès par le bureau de wilaya du croissant-rouge algérien. Pour leur première sortie à travers les principales artères de la ville, les membres de cette cellule, composée des représentants du CRA, des secteurs de la santé et de l’action sociale, de la protection civile et des services de la sûreté urbaine, ont réussi en effet à recueillir pas moins de sept personnes sans domicile fixe qui occupaient, nuit et jour, les trottoirs et parvis de certains édifices publics. Les malheureux, sans gîte, ont été dirigés tous vers le foyer des personnes âgées, sis au quartier Larbi Ben Mhidi, où ils devaient d’abord prendre une douche avant de subir un examen médical et psychiatrique par les médecins spécialistes du croissant-rouge. Un repas chaud leur a été ensuite servi ainsi que des effets vestimentaires pour leur permettre de se protéger des rigueurs du froid hivernal.Selon les membres de cette cellule, les éléments du diagnostic préliminaire établi par les psychiatres de service laissent apparaître que les sept personnes recueillies lors de cette première opération de ramassage, présentaient toutes une déficience mentale assez marquée pour justifier soit leur mise sous observation, leur hospitalisation d’office ou leur placement dans une structure spécifique devant assurer une prise en charge spécialisée en vue de leur réinsertion sociale. Placé devant un véritable dilemme, en l’absence aussi d’un hospice réservé à cette catégorie de malades mentaux errants, le CRA a dû se résoudre donc à solliciter l’intervention des services locaux de l’action sociale qui n’avaient pas d’autre alternative que celle d’orienter ces malheureux sans gîte vers le foyer des personnes âgées. Avec le nouveau placement intervenu en fin de semaine, ce centre d’hébergement risque à terme d’être détourné de sa vocation initiale pour ne s’occuper que de la prise en charge exclusive des malades mentaux, dont le nombre dépasserait aujourd’hui les quarante pensionnaires, dont deux en grande souffrance psychologique. Le cas de tous ces pauvres malades regroupés dans un même espace de vie communautaire avec des personnes âgées, mais sains de corps et d’esprit, finira par contraindre les membres du CRA de Sidi Bel-Abbès à saisir directement le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière pour lui demander de trouver une solution d’urgence au problème dans le cadre du programme national de santé mentale 2006-2009, ayant pour ambition de remédier radicalement aux insuffisances constatées en la matière, à travers l’augmentation des taux à 1,5 lit pour 10.000 habitants, 1,55 psychiatre pour 100.000 habitants et huit infirmières psychiatriques pour 100.000 habitants...» Dans leur correspondance, ils ne manqueront pas ainsi de dénoncer surtout le fait que les deux catégories de pensionnaires vivant dans une structure d’hébergement unique constitue «une double atteinte aux droits fondamentaux de l’être humain», faisant observer à ce propos que «la place du malade mental est dans une structure spécialisée où toutes les commodités sont réunies. Au niveau du foyer des personnes âgées de Sidi Bel-Abbès, centre spécialisé réservé par vocation à des citoyens plus ou moins valides, il est abandonné à son sort, malgré la bonne volonté du personnel de service, et peut même représenter une source de danger pour les pensionnaires réels du foyer dont la vie communautaire est sérieusement perturbée...» Le fait est jugé d’autant plus grave, souligne-t-on, que la réglementation en la matière fait obligation aux autorités d’assurer «la prise en charge des malades mentaux dans des services et établissements spécialisés psychiatriques» et non dans des structures d’accueil extra hospitalières... tout en se référant entre autres aux instructions données à ce titre quant à la prise en charge des malades qui préconise de «redynamiser les commissions de santé mentale de wilaya, d’installer un système organisé, intégré et hiérarchisé au niveau de chaque wilaya, la prise en charge des malades mentaux errants, après stabilisation, dans un service spécialisé au sein d’une structure adéquate».
Posté Le : 06/01/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com