Algérie

Le coût de la dette grimpe encore malgré l'accord européen Italie



Malgré l'accord européen pour tenter de juguler la crise, le coût de financement de la dette colossale de l'Italie a encore grimpé, avant-hier, lors d'une émission obligataire test, les marchés continuant de douter de la crédibilité du gouvernement Berlusconi. Signe le plus inquiétant, les taux d'intérêt des titres à échéance 2022 ont dépassé la barre symbolique des 6%, seuil considéré comme dangereux par les analystes, en s'inscrivant à un niveau record de 6,06% contre 5,86% le 29 septembre, date de la dernière opération similaire. "Malgré l'euphorie" des marchés qui ont salué, jeudi, le plan européen destiné à réduire fortement la dette de la Grèce et à empêcher la contagion de la crise à l'Italie, "les taux italiens continuent de flirter avec les 6%", constate Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis. Et "à ce niveau, ils ne sont pas soutenables très longtemps", souligne Giuseppe Maraffino de Barclays Capital, selon qui il est "important" qu'ils se replient car "l'économie italienne croît peu et le stock de dette est très élevé" à 1900 milliards d'euros (environ 120% du PIB). Les taux des titres à échéance 2014 ont eux progressé à 4,93% contre 4,68%, ceux des titres à échéance 2019 à 5,81% contre 4,03% et ceux des titres à échéance 2017 à 5,59% contre 2,33%. La demande, qui s'est élevée au total à 11,35 milliards, a été jugée en outre décevante et le Trésor, qui a émis 7,935 milliards d'euros, n'a pas atteint son objectif maximum fixé à 8,5 milliards. Sur les marchés boursiers, l'inquiétude était palpable: la Bourse de Milan a lâché près de 2% en début d'après-midi après cette émission obligataire qui a même fait flancher la Bourse de Paris. Selon les analystes, la dette italienne est plus risquée car les investisseurs ne font plus confiance au chef du gouvernement Silvio Berlusconi malgré les promesses de réformes annoncées mercredi soir sous la pression de ses partenaires européens. "Il y a un vrai problème Berlusconi, l'Italie n'est pas en odeur de sainteté. Le marché se focalise sur sa capacité politique à passer les réformes car il veut que les promesses soient tenues", juge M. Robin. Facilitation des licenciements économiques, modernisation de l'administration, libéralisation de l'économie, cessions d'actifs publics, le Cavaliere a dressé au sommet de Bruxelles un catalogue de mesures pour relancer une croissance atone et réduire la dette, dont il veut adopter les grandes lignes d'ici le 15 novembre et qu'il veut mettre en oeuvre en huit mois. Il a par ailleurs réaffirmé l'objectif de l'équilibre budgétaire en 2013, grâce aux mesures d'austérité draconiennes adoptées cet été. Mais sa majorité est secouée de tensions et ne tient qu'à un fil à la Chambre des députés, à tel point que les analystes politiques se demandent si son gouvernement tiendra jusqu'en 2013, fin naturelle de la législature. Il doit en outre batailler avec une opposition qui ne cesse de réclamer sa démission et ne veut pas entendre parler de stratégie d'union face à la crise, un patronat furieux du retard pris dans l'adoption des réformes et des syndicats prêts à en découdre. Outre la situation propre à l'Italie, les marchés, qui ont salué le plan européen, jeudi, commencent maintenant à se demander si le filet de sécurité mis en place par l'UE sera suffisant pour éviter une contagion de la crise à la péninsule qui mettrait l'ensemble de la zone euro à genoux. "On ne peut pas trop juger de son efficacité pour le moment, on ne sait pas très bien quelle sera la force de frappe" du Fonds de secours européen qui doit prendre le relais de la Banque centrale européenne (BCE) pour soutenir l'Italie sur le marché, relève M. Robin. "Le sentiment du marché s'est amélioré mais est encore fragile car les investisseurs veulent voir maintenant les détails de la mise en oeuvre du plan" européen, abonde M. Maraffino.


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