Algérie

Le coût de la dépolitisation



Le coût de la dépolitisation
Il faut d'emblée rendre hommage à tous ceux qui s'expriment sur le rendez-vous électoral du 10 mai prochain avec responsabilité et pédagogie. En proposant des grilles de lecture rationnelle, loin des offres de services pullulants des uns et de l'alarmisme des autres. Le pays a vraiment besoin de producteurs d'idées afin de sortir de la tyrannie du silence et de l'acquiescement. La contribution-réflexion de Djamel Zenati, ancien député FFS de la mandature 1997-2002, parue dans les colonnes d'un confrère, est à inscrire dans cette logique. L'auteur a examiné la consultation électorale en question en se référant à des donnes politiques nées depuis les premières élections pluralistes organisées en Algérie. Et qui paradoxalement avaient été annulées pour engager le pays dans une spirale de violence. L'analyse évoque principalement des enjeux politiques et institutionnels en intégrant la problématique de l'exercice du pouvoir en Algérie.Au-delà des éléments d'analyse invoqués, la réflexion révèle, encore une fois, l'impasse politique dans laquelle a été mené le pays. D'où la pertinence de la question, encore une, posée en guise de conclusion : «Que faire '» On peut même y ajouter une interrogation sur les acteurs concernés et ceux à impliquer une fois tranchée la question du «que faire '». Elle pourrait être celle-ci : «Avec qui faire '» Ces questions s'ajouteront ainsi à d'autres, nombreuses, restées sans réponses tant la scène politique a été magistralement aseptisée ces deux dernières décennies. Cela se révèle dans le brouhaha et les accusations qui ont suivi la confection des listes à proposer aux électeurs. Une confection marquée par la victoire de la chekara sur la militance politique et par le triomphe de la tribu sur la société. Désespérante à plus d'un titre, cette situation est la conséquence d'une dépolitisation avancée de la société qui ne se soucie plus des gens qui prétendument vont la représenter dans les institutions. Et quand la demande sociale vient à manquer ou à ne s'exprimer qu'en faible intensité, il est difficile d'attribuer un sens politique à pareille élection.Nous sommes à présent dans une configuration troublante où l'overdose électorale est bien là, débordante, et où le terrain politique fait dangereusement défaut. Cette interdiction de l'exercice politique, dans toute sa noblesse, de surcroît en période électorale, ne laisse ainsi place qu'aux extrémismes et autres perversions.Il va sans dire qu'un scrutin qui se tient en ces temps de dépolitisation avancée, ne peut pas peser sur la chose politique maintenue à l'écart de la société et où l'exercice de pouvoir ne se joue pas toujours par la voix des institutions. Il est plus sensé donc de ne pas attribuer à ce vote les implications qu'il n'a pas dans un système où les institutions ne sont que façade. On retiendra, a posteriori, que trois mois de discours et d'agitation ne font pas une vie politique. Et que des institutions viables ne peuvent pas naître dans un tel contexte. Que faire ' Impasse de la dépolitisation !

A. Y.


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