Algérie

Le coût d'une rupture



Du soleil et des nuages. À Paris, la terre tremble rarement, sauf quand Alger gronde. Si les tensions n'ont cessé de monter entre Alger et Paris ces derniers mois, elles se sont encore élevées d'un cran après les propos inappropriés du président français Emmanuel Macron. Depuis, l'heure n'est plus «aux coups de fil chaleureux», pour reprendre l'expression de leurs entourages respectifs. Cette époque semble, désormais, bel et bien révolue au point que les deux capitales risquent de se livrer un duel sans concession et aux conséquences multidimensionnelles. Au plan géostratégique, la première victime collatérale de la crise entre Alger et Paris, après la fermeture de l'espace aérien algérien aux avions militaires français, n'est autre que l'opération Barkhane et les quelque 5 000 militaires français déployés au Sahel. Ce qui oblige les avions français à faire un détour par le Maroc et la Mauritanie. Même si le gouvernement français affirme qu'elle n'aura «pas de conséquences majeures». L'interdiction de l'espace aérien algérien aux avions militaires français intervient dans une phase logistique délicate pour l'état-major français, qui a entamé depuis quelques semaines une réorganisation de son dispositif dans la bande sahélo-saharienne.Outre ces «désagréments», cette tension risque de provoquer un ralentissement de la coopération militaire algéro-française dans la région sahélo-saharienne, notamment au plan du renseignement. Au plan économique, les répercussions risquent d'être encore plus conséquentes. Des sources soutiennent que l'Algérie pourrait prendre une autre mesure qui concerne les échanges commerciaux entre les deux pays. «Nous allons procéder à une évaluation minutieuse de nos relations économiques et commerciales avec la France. Au terme de celle-ci, bien sûr, nous nous réservons la possibilité de réorienter, en toute souveraineté, certains flux vers d'autres partenaires plus prévisibles, plus conséquents et surtout plus soucieux de l'égalité souveraine des nations», a indiqué au site d'informations, tsa-algerie.com, une source algérienne proche du dossier. Une décision lourde de conséquences pour les entreprises françaises implantées en Algérie. En 2020, la France était le 2e partenaire commercial de l'Algérie avec des exportations de 3,6 milliards de dollars et une part de marché de 10,6%, derrière la Chine, avec 5,7 milliards de dollars d'exportations et une part de marché de 16,81%. Au plan socioculturel, l'Algérie et la France entretiennent une relation particulière au vu de leur histoire partagée. Néanmoins, cette «guerre des communiqués» risque de laisser des séquelles, du fait que le nombre de Français ayant un lien direct avec l'Algérie avoisine les 6 millions.
Même si la loi française interdit d'évaluer le nombre de résidents français de confession musulmane, il n'en demeure pas moins que, selon certains sondages, environ 3 millions d'habitants sont de «culture musulmane» en France.


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