Le coup de la rançon

"L'Algérie prend acte avec une grande préoccupation de la poursuite des transferts, au profit des groupes terroristes, de fonds colossaux au titre de rançons pour la libération des otages", s'est indigné le Premier ministre lors d'un sommet de l'UA.L'assèchement des sources de financement des groupes armés et le succès de la lutte antiterroriste devraient s'accompagner de la lutte contre les transferts de fonds au titre de rançons pour la libération des otages.
Convaincue que cette nécessité passe par l'adhésion de tous les pays membres de l'Union africaine (UA), l'Algérie ne dissimule pas sa préoccupation face à ce "fléau" qui entretient le terrorisme, notamment dans les pays du Sahel où le paiement des rançons pour la libération des otages est monnaie courante.
C'est en substance ce qu'a souligné, hier, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, dans son allocution aux travaux de la 14e session extraordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA tenus en visioconférence.
"L'Algérie prend acte avec une grande préoccupation de la poursuite des transferts, au profit des groupes terroristes, de fonds colossaux au titre de rançons pour la libération des otages", a déploré M. Djerad.
Dans cette intervention ayant pour thème : "Faire taire les armes en Afrique", Abdelaziz Djerad a exprimé la "ferme et constante position" de l'Algérie et son "attachement à poursuivre sa contribution aux efforts africains communs pour atténuer l'impact de cette pandémie (terrorisme, ndlr) sur les peuples du continent". "Cette pandémie a négativement impacté nos actions visant à débarrasser notre continent des conflits armés et à faire taire les armes en Afrique", a-t-il dit.
Tout en mettant l'accent sur la nécessaire et urgente concrétisation des décisions onusiennes liées à l'embargo sur les armes dans les zones de conflits, la reconstruction des capacités nationales pour sécuriser les stocks d'armes et de munitions et la lutte contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre, le Premier ministre a indiqué qu'il était temps "de consolider la concertation afin d'éradiquer l'extrémisme violent, lutter contre le terrorisme et assécher les sources de son financement".
Dans le même contexte, il a plaidé l'importance de traiter les causes des menaces sécuritaires et des conflits, rappelant que l'Algérie a toujours soutenu les efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le Sahel à travers le "renforcement des capacités nationales des pays concernés, dans le cadre de la coopération bilatérale ou les mécanismes multilatéraux pour mener, à terme, la lutte contre les groupes armées".
Cette préoccupation exprimée de nouveau par l'Algérie concernant le paiement de rançons en contrepartie de la libération des otages des mains des terroristes intervient après l'arrestation d'un second terroriste, à Tamanrasset (le premier ayant été arrêté le 23 octobre à Tlemcen), il y a quelques jours, lequel s'était infiltré dans le pays après sa libération au Mali, à la suite d'un accord en vertu duquel, plus de 200 terroristes avaient été relâchés contre une rançon importante versée à des groupes terroristes en échange de la libération de trois otages européens, dont une activiste française.
Les deux terroristes avaient alors révélé les dessous de leur affiliation aux groupes armés dans le nord du Mali, tout en détaillant la manière dont ils ont profité de l'accord ayant conduit à leur libération.
L'un des terroristes avait même détaillé l'échange entre le Targui malien Iyad Ag Ghali, dirigeant du Groupe de soutien de l'islam et des musulmans (GSIM), et la France, affirmant que "l'accord portait sur la libération de 207 terroristes et le paiement d'une rançon de 10 millions d'euros".
Suite à quoi, l'Algérie a vivement réagi en dénonçant ces pratiques contraires aux résolutions de l'Organisation des Nations unies incriminant le versement de rançons aux groupes terroristes qui entravent les efforts de lutte contre le terrorisme et de tarissement de ses sources de financement.

FARID BELGACEM