C'est un metteur en scène se sentant frustré, désarmé, ankylosé par cette fermeture inexpliquée depuis trois ans.Et ce qui est hallucinant, c'est que la troupe de théâtre professionnel de Mascara décroche des prix en Algérie et à l'étranger. Sans répéter et jouer devant son public. Certes, il y eut une belle initiative.
Des travaux de réfection ont été effectués et autres dotations de machinerie, équipements? Et puis pas de lever de rideau. Au contraire, c'est le baisser de rideau, et général. Si vous passez devant ce théâtre, il est hermétiquement clos, «closed». Les rideaux ? métalliques ? sont baissés. Et les planches ne résonnent plus à Mascara. Rien, aucun salut.
Et, par conséquent, le public, les amateurs du 4e art ? et il y en a énormément ?, les citoyens en quête d'évasion culturelle récréative, se sentent pénalisés, marginalisés. Peut-être que les décideurs locaux jugent que les habitants de la ville ne méritent pas un théâtre comme toutes les villes d'Algérie. Le comédien et dramaturge, Mohamed Frimehdi, s'est déplacé de Mascara pour s'insurger et pousser son coup de gueule et son coup de c?ur pour les tréteaux de Mascara.
Entre désenchantement et rage, il déplore que lui et l'ensemble de ses comédiens soient obligés de se déplacer aux théâtres régionaux de Saïda, Sidi Bel Abbès, Mostaganem ou encore d'Oran. Parce qu'on leur offre l'hospitalité en les accueillant et en leur réservant des espaces pour répéter, produire et peaufiner les projets. Bref, jouer sur une vraie scène de théâtre. Alors qu'un théâtre, retapé et refait, est juste là, au centre-ville, disponible.
«Nous interpellons Monsieur le ministre de la Culture
«C'est bien dommage que le théâtre de Mascara soit fermé depuis trois ans. Moi et les membres de la troupe qui viennent de plusieurs régions du pays nous souffrons de ce non-sens.
Avant, le théâtre municipal de Mascara était ouvert tout le temps. C'est une régression. Nous nous rendons dans les théâtres régionaux limitrophes. Nous effectuons des dépenses inutiles en matière d'hébergement et autre restauration. Si nous répétions au théâtre de la ville, cela n'aurait pas occasionné tout ce gaspillage. Autre chose, on dépense des millions et des millions pour les travaux de réfection et puis on ferme le théâtre.
Le public ne voit jamais nos représentations. Nous faisons nos ''générales'' ailleurs? En tant que comédien et dramaturge, cette situation me fait mal. Nous ne pouvons pas continuer comme cela. Il faut que l'on rouvre le théâtre de Mascara.
Aussi, nous interpellons Monsieur le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, et lui lançons un appel, à travers cette tribune, pour intervenir, rouvrir le théâtre de Mascara et donner un peu de vie à la culture, la création et la passion du théâtre dans la cité d'Errachidia?», déplorera le dramatuge Mohamed Frimehdi. Youcef Sehaïri, comédien (Lotfi, Les Sept remparts de la citadelle), homme de théâtre aussi, jouant dans une nouvelle pièce sous la direction de Mohamed Frimehdi, est venu le soutenir : «Vous savez, j'ai assisté à l'ouverture du théâtre de Mascara.
Ce n'est pas logique que cette scène algérienne soit encore fermée, complètement. C'est insensé?» Et ce qui est inepte, c'est que la troupe de théâtre de Mascara décroche ses prix un peu partout.
En Jordanie, elle vient de recevoir le 1er prix pour la pièce La Carte postale. La Grappe d'Or, du Festival national de théâtre comique à Amman. Ainsi que le prix de la meilleure scénographie à Hamza Djaballah, le Prix de la meilleure musique à Hassan Lamamra, le Prix de la meilleure interprétation féminine, à la comédienne Yamina Hadjam, pour son rôle de Khalti Mama.
Et bien d'autres distinctions à Médéa, Alger, le Grand Prix du Festival national du théâtre professionnel (FNTP) d'Alger, avec Dikra min El-Alsace? Blague à part, il faut que ça planche à Mascara. Un coup de «théâtre».
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Posté Le : 21/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K Smail
Source : www.elwatan.com