Le coup de gueule de Sofiane Boulahia

Ayant arraché brillamment sa qualification, en 2019, après avoir remporté deux tournois, le GS Pétroliers peine aujourd'hui à se préparer convenablement pour la saison régulière de la première édition de la Basket-ball Africa League (BAL) ? ligue africaine de basket-ball, organisée par la célèbre NBA, qui se déroulera en ce mois de mai à Kigali, au Rwanda. Une préparation perturbée, non seulement à cause de la réouverture tardive des salles omnisports, fermées en mars 2020 à cause de la pandémie du Covid-19, mais surtout la non-reprise du Championnat national. Sofiane Boulahia, le jeune entraîneur du GSP qui a déjà tout remporté avec son équipe; lui qui espère donner une nouvelle dimension à sa jeune carrière, exprime dans cet entretien son coup de gueule.Le Soir d'Algérie : vous allez vous rendre à Kigali lundi (aujourd'hui, ndlr), comment s'est déroulée la préparation en prévision de la BAL '
Sofiane Boulahia : On a préparé la Ligue africaine de basket-ball (BAL), qui est une compétition organisée avec la NBA. Cette première édition est très importante, une compétition de haut niveau qui regroupe 12 grandes équipes de l'Afrique. Malheureusement, chez nous, on n'a pas pris la chose comme il se doit. Participer à un tel événement et faire partie des 12 meilleures équipes africaines est quelque chose d'important. Malheureusement, notre préparation a été perturbée, d'abord par la fermeture des salles omnisports dans un premier temps, ensuite nous n'avons pas eu de sparring-partners pour disputer des matchs amicaux. On se contentait uniquement des séances d'entraînement au quotidien, sans pouvoir bénéficier du biquotidien : ce qui est insuffisant. En ce mois sacré de Ramadhan, on s'est contenté d'une seule séance par jour parce qu'on ne peut s'entraîner le soir à cause du couvre-feu, même si on avait des possibilités de le faire. En résumé, nous allons faire une course de formule 1 avec des voitures de ville, de tous les jours. C'est le constat général.

Êtes-vous réellement prêts pour ce grand événement africain '
Sur le terrain, on va compter sur l'expérience des joueurs du GSP, sur la volonté de bien faire et sur l'effet de surprise. Parce que les autres équipes qui vont participer à cette BAL, ont terminé leurs championnats respectifs et de la saison passée et celui de cet exercice. Sur le plan de la compétition et du volume de jeu, on est vraiment loin, et c'est incomparable. Je dis que nous allons avec l'esprit de bien faire les choses, d'autant plus qu'en dépit de ces difficultés, le groupe est animé d'une bonne volonté et d'une bonne ambiance. J'espère inch'Allah que nous allons réaliser un bon parcours. Et si on arrive à réussir et à réaliser un bon parcours, c'est grâce à la volonté de ces joueurs. Cette équipe, qui représente avant tout l'Algérie et le basket-ball national n'a pas été aidée. Pourquoi ' Parce que tout simplement, il y a un esprit extra-sportif qui prend le dessus sur l'esprit sportif. J'espère qu'un jour, on pensera beaucoup à l'esprit sportif et essayer de sortir la discipline de l'anonymat, j'espère que les gens vont se réveiller et se rendre compte que seul le terrain compte, pas autre chose. C'est un coup de gueule que je voulais exprimer, voilà. Pour la BAL, on fera le maximum pour réaliser un bon parcours, se battre et faire avec les moyens du bord, avec la petite préparation qu'on a eue. Maintenant, si on réussit, ce sera tant mieux pour l'Algérie.

Quelles sont les chances du GSP '
Si on avait toutes les conditions de préparation, comme les deux premiers tournois, on ferait d'excellentes choses. Malheureusement, on n'a pas les mêmes moyens pour rééditer les exploits des premiers tournois de 2019. On compte beaucoup plus sur la volonté de chacun pour ne pas rater notre participation à la BAL et surtout bien représenter notre pays. Encore une fois, malgré toutes les difficultés qu'on a eues pour bien se préparer, plus d'une année sans compétition, pas de matchs amicaux, inch'Allah, on sera à la hauteur.

Avec une préparation perturbée, avec quel effectif allez-vous disputer cette BAL '
On va compter sur notre effectif que nous avons renforcé avec Mohamed Harat qui est avec nous pour ce tournoi pour aider le groupe ainsi que Hichem (Benayad-Chérif) qui va nous rejoindre directement à Kigali en provenance du Canada. Lui aussi sera d'un bon apport pour le groupe. Cette génération de joueurs n'a pas eu la chance de marquer de leur empreinte l'équipe nationale, inch'Allah, ils ont cette chance de se distinguer.
Lors des tournois de qualification, vous avez fait appel à des joueurs étrangers, notamment américains, qu'en est-il pour cette saison régulière '
Pour cette édition, on n'a pas de renfort des étrangers. Uniquement des Algériens avec Harat. On va faire la BAL avec 12 joueurs algériens.

Un mot pour les supporters du GSP ou du MCA '
Ce qui est sûr, on va faire le maximum pour réussir notre BAL. Cependant, en sport, il faut être réaliste. Chaque objectif a ses moyens. Pour nous, je dirai que les moyens ne sont pas à la hauteur de l'évènement. Certes, on part à Kigali amoindris, mais ensemble, les joueurs vont tout faire, et pourquoi ne pas créer la surprise. Une fois sur place, je sens un truc qui va se réaliser inch'Allah.

Des regrets '
Moi, je suis un technicien, je travaille sur le terrain, pas dans un bureau. Plus d'une année sans le terrain, c'est énorme. La pandémie du Covid-19 est présente partout, au Maroc, en Tunisie et dans tous les pays, mais cela ne les a pas empêchés de jouer, sauf nous, en Algérie. Pour un technicien, plus d'une année sans terrain, il va perdre beaucoup de réflexes. J'espère que les autorités du pays vont prendre en charge ce sport-là, parce qu'il n'y a pas que le football. Pourquoi en football, on joue, pas en basket ' J'espère que les basketteurs retrouveront rapidement les parquets !
Propos recueillis par A. A.