Le coup de bill'art du Soir Jeanne d'Arc d'Algérie

Par Kader Bakou
Jeanne d'Arc a «fêté» l'indépendance de l'Algérie avec un drapeau algérien à la main et a porté le haïk. La statue équestre de Jeanne d'Arc à Alger se trouvait près de la Grande-Poste. En 1936, à Alger, un comité fut crée pour élever une statue à la gloire de Jeanne d'Arc.
Le sculpteur Halbout du Tanney, ancien pensionnaire de la villa Abdeltif, fut choisi pour créer l'œuvre. Celle-ci qui avait été exposée au Salon des artistes français en 1946 a été jugée comme étant la meilleure des représentations de Jeanne d'Arc. Elle sera expédiée à Alger l'année suivante et installée à la place de la Grande-Poste. La statue fut solennellement inaugurée le 6 mai 1951, à l'occasion du cinq cent vingtième anniversaire de la mort de Jeanne d'Arc, par la municipalité présidée par M. Gazagne. Après l'indépendance de l'Algérie, la statue n'a pas été démontée, car cette «Fatma n'Soumer» française était considérée comme une héroïne de l'indépendance car elle aussi avait combattu une certaine forme d'impérialisme ou de colonialisme tout comme les nationalistes algériens. On raconte que le 3 juillet 1962, des manifestants fixèrent un drapeau vert, blanc et rouge sur l'épée de Jeanne d'Arc. Le lendemain, la foule qui se pressait autour du monument improvisait des danses frénétiques rythmées par le battement des mains et les youyous des femmes. On dit aussi qu'elle fut «mouquérisée» à l'aide d'un haïk blanc. Plus tard, un écriteau aurait été suspendu au cou du cheval avec pour inscription : «Hassiba Ben Bouali». Après bien des aventures, la Jeanne d'Arc en bronze débarqua le 27 mai 1963 à Marseille. La statue équestre de la Jeanne d'Arc d'Alger sera (re) inaugurée, à Vaucouleurs, le 8 mai 1966 en présence, notamment, de Pierre Messmer, ministre des Armées. Jeanne d'Arc est retournée ainsi à Vaucouleurs où avait débuté son épopée, le 23 février 1429, quand les habitants de cette cité lui offrirent, pour son voyage à Chinon, un cheval et un équipement militaire afin de combattre les Anglais. Oran aussi avait sa Jeanne d'Arc, inaugurée le 10 mai 1931 sur le parvis de la cathédrale de la ville. Albert Camus dans La Peste écrit : «Le jeudi du rendez-vous, Rambert se rendit sous le porche de la cathédrale, 5 minutes avant huit heures (…) Le soleil, derrière les maisons de l'Est, réchauffait seulement le casque de la Jeanne d'Arc entièrement dorée qui garnit la place.» Cette œuvre du sculpteur Joseph Ebstein, fondue à Oran, a été «rapatriée» en France. Elle fut inaugurée à Caen le 10 mai 1964 par le maire Jean-Marie Louvel. En France-même, cette œuvre a fait l'objet d'une mutilation. En effet, l'épée de Jeanne d'Arc, dorée à l'or fin, a été volée dans la nuit du 1er au 2 juin 2000. Dans ses allers-retours entre l'Algérie et la France, la Pucelle d'Orléans (en bronze) a suivi le même chemin que le duc d'Orléans.
K. B.