Le coup de bill'art du Soir

Par Kader BakouUn jour, la peste toucha tous les animaux de la terre. Le roi Lion tint conseil et dit aux autres animaux :«Mes chers amis,Je crois que le Ciel a permisPour nos péchés cette infortune ;Que le plus coupable de nousSe sacrifie aux traits du céleste courroux,Peut-être il obtiendra la guérison commune.L'histoire nous apprend qu'en de tels accidentsOn fait de pareils dévouements.»Le lion avoua avoir dévoré moutons, gibiers et même parfois le berger.«Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je penseQu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :Car on doit souhaiter selon toute justiceQue le plus coupable périsse.»Tous les autres animaux «au dire de chacun, étaient de petits saints» et il n'ont jamais commis de péchés. Seul l'âne avoua avoir mangé un peu d'herbe dans un pré.«A ces mots on cria haro sur le baudet.Un loup quelque peu clerc prouva par sa harangueQu'il fallait dévouer ce maudit animal,Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.Sa peccadille fut jugée un cas pendable.Manger l'herbe d'autrui ! Quel crime abominable !Rien que la mort n'était capableD'expier son forfait : on le lui fit bien voir.»Après cette condamnation unanime du pauvre baudet, ainsi se termine la fable Les animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine : «Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.»«Je dirais même plus», comme aurait dit ce cher Dupont (ou Dupond), un des jumeaux de «Tintin» : aujourd'hui, dans certains pays, selon que vous serez Blanc ou Noir, les jugements de cour vous rendront innocent ou coupable.K. 'b.?