Algérie

LE COUP DE BILL'ART DU SOIR


LE COUP DE BILL'ART DU SOIR
Par Kader BakouUne vingtaine de bateaux, plus ou moins unis sous la même bannière, naviguent à vaul'eau dans l'immensité de l'océan. Une mutinerie éclate sur l'un d'eux, toujours à la traîne des navires battant d'autres pavillons. Les mutins en veulent au capitaine, un vieux loup de mer, ainsi qu'à son équipage dont ils exigent le départ immédiat et sans conditions. Des sages vont voir les mutins et leur conseillent de négocier avec le capitaine une transition pacifique et une feuille de route qui permettrait au navire de poursuivre son chemin autrement que vers une terra incognita. «Il faudrait aussi penser si parmi les passagers, il y a des gens capables de remplacer les hommes de l'équipage au commandement et à la salle des machines. Un changement par la force, c'est trop risqué avec les récifs et les icebergs qui risquent d'être sur notre route. N'oublions pas aussi les pirates de l'air et de la mer qui seraient trop ravis d'attaquer un bateau en détresse et sans commandement unifié», disent les sages aux mutins. Les chefs mutins les accusent d'être contre «la révolution» et de ce fait d'être du côté du capitaine. C'est l'escalade de la violence. Le capitaine et ses proches, en douce, ont pris la fuite la nuit dans une rapide embarcation. Les mutins, seuls maîtres à bord, font la chasse aux membres de l'équipage encore à bord du navire. Certains sont tués et d'autre jetés pardessus bord. Passé l'euphorie de la «victoire», les anciens mutins se sont rendu compte qu'il n'y a effectivement pas d'hommes ayant la formation requise pour remplacer les anciens membres d'équipage. Le bateau continue sa folle dérive vers une destination inconnue. Les vivres sont épuisées et les «mutins» retournent leurs armes vers leurs anciens compagnons de lutte. Les passagers fuient en masse le bateau qui fait eau de toutes parts et cherchent coûte que coûte à rejoindre, même à la nage, les navires battant d'autres pavillons. A quelques détails près, la même histoire se déroula sur plusieurs autres bateaux de cette flotte d'une vingtaine de navires. Un de ses bateaux échappa plus ou moins à cette série de mutineries. Un groupe de sages alla voir le capitaine et ses collaborateurs et leur tint à peu près ce langage : «Vous avez vu ce qui s'est passé dans les autres navires de la flotte' Nous avons intérêt à éviter tout cela et à devancer les événements. Il est impératif de désamorcer cette bombe qui risque de nous emporter tous, passagers, matelots, officiers et membres d'équipage. Une transition pacifique s'impose. Allez voir les passagers et demandez- leur de désigner un des leurs au poste de capitaine. On peut même organiser des élections libres. Ensuite, c'est au nouveau capitaine de former son équipage. Si les choses se portent mieux, c'est tant mieux. Si, par contre, le nouveau capitaine échoue, les gens vont certainement voter pour l'ancien capitaine lors des prochaines élections.» Les sages ne sont pas écoutés. Leur proposition d'une transition pacifique et d'une feuille de route pour se prémunir du chaos et rejetée. Ils sont même accusés d'être un danger pour la stabilité du navire. Dans cette flotte maudite d'une vingtaine de navires, personne n'écoute les sages. Ici, il n'y a apparement pas d'autre «alternative» que la navigation à vau-l'eau ou le naufrage !K. B.


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