Le coup de bill'art du Soir

Par Kader BakouL'oued passe au beau milieu du village. En été, il est presque à sec. Mais c'est bientôt l'hiver. La partie de l'oued qui traverse la ville est encombrée d'immondices. Elle est devenue une décharge publique clandestine. Quand les gens se rencontrent dans les cafés ou à la place du village, ils se plaignent tous de cette décharge publique en plein air, source de tant de tracas. Tout le monde dit que les coupables, ce sont «les autres». Mais à vu d'œil et jour après jour, le tas d'immondices ne fait que grandir.Un habitant du village a mis en garde contre les risques d'inondations lors des grosses pluies de l'hiver. Les tas d'immondices, les ordures ménagères, les pierres et les troncs d'arbres jetés dans le lit de l'oued vont constituer un barrage qui retiendra les eaux et qui, ainsi, risquent de déborder vers la ville, prévient-il. Les habitants du village vont voir les autorités qui promettent d'intervenir, mais ne font rien. L'habitant du village qui avait mis en garde contre les risques d'inondations propose au villageois d'organiser une action de volontariat afin de nettoyer l'oued. En vain. Les villageois estiment que ce travail fait partie des «devoirs» des autorités. «Je suis d'accord avec vous. Mais ils ne veulent rien faire. Alors, il faudrait se prendre en charge, nettoyer l'oued et surtout ne plus jeter d'immondices dedans. Si l'oued déborde, c'est nous qui serons touchés. Il suffit d'une dizaine de personnes et de quelques pelles et brouettes”?», essaye t-il d'expliquer, vainement, aux villageois.De fortes pluies depuis hier. L'oued a débordé. Des victimes et des dégâts matériels considérables sont enregistrés au village. Les villageois sont «en colère». Eux qui n'avaient pas pu se mettre d'accord pour une petite action de volontariat ont pu s'unir pour aller casser et saccager ce qui reste du village. Les «hautes» autorités arrivent sur les lieux. Eux qui n'avaient pas voulu accomplir un travail ordinaire entrant dans les activités normales de la commune et qui n'aurait rien coûté au contribuable débloquent une «aide d'urgence» de plusieurs milliards. Ils parlent même d'une «nouvelle stratégie» et d'un «plan national de lutte contre les débordements des oueds à l'horizon 2016-2020».C'est le retour de l'été. Des tas d'immondices gisent près de la fontaine du village. L'habitant du village qui avait mis en garde contre les risques d'inondations fait remarquer que cette «décharge publique sauvage» risque de contaminer l'eau de la source. Mais personne ne l'écoute...K. 'b.?