Le coup de bill'art du Soir

Par Kader BakouC'est avec une indescriptible émotion que «l'Algérien» s'est retrouvé, dix ans plus tard, presque par hasard à Moscou, dans le même hôtel, le Studientchskaya, où il avait passé trois nuits en septembre 1978.L'URSS «savourait» la perestroïka de Gorbatchev. On dirait que le pays, à l'époque, avait pris ce qu'il y avait de mieux dans le socialisme pour le fusionner avec ce qu'il y avait de mieux dans la «démocratie» occidentale.En ce début d'octobre 1988, l'Algérien est descendu au rez-de-chaussé de l'immense hôtel pour prendre son petit-déjeuner au «buffet». Un grand nombre d'étudiants, la plupart venus des pays du tiers-monde, étaient assis sur des divans près de la réception. Un étudiant libanais s'approche de l'Algérien.«Pensez-vous que le projet de l'union avec la Libye est la cause des émeutes actuellement en Algérie '» lui demande-t-il.L'Algérien venait d'arriver d'Odessa (Ukraine) en cette matinée du 6 octobre. Il n'avait même pas entendu parler des émeutes en Algérie. Le Libanais lui donne un résumé de la situation.- «Non, ça n'a rien à voir avec le projet d'union avec la Libye», lui répond sincèrement et catégoriquement l'Algérien.- «Et vous, personnellement, êtes-vous pour l'union algéro-libyenne '» demande encore le Libanais.«Oui, je suis pour l'union de l'Algérie avec tous les pays arabes et pour l'union de tous les pays arabes», lui répond tout sincèrement l'Algérien qui, à l'époque, croyait encore à l'illusion de la «grande nation arabe».Le lendemain, l'Algérien est allé au ministère de l'Intérieur à Moscou afin de prolonger son visa.«Selon vous, quelles sont les causes des émeutes en Algérie'» lui demande, amicalement, un fonctionnaire du ministère.«Les causes sont économiques. L'économie algérienne est trop dépendante des exportations d'hydrocarbures et depuis 1986, les prix du pétrole sont très bas», lui répond sincèrement l'Algérien.«Ici aussi, la même chose risque de se produire”?», lui répond le Russe.Trois années plus tard, l'URSS a disparu”'k.?'b.?