Algérie

Le coup de bill'art du Soir



Le coup de bill'art du Soir
Par Kader BakouIl n'y a, peut-être, pas plus «subversif» que Hadj Abderrahmane ou plutèt l'Inspecteur Tahar. Hadj Abderahmane est l'auteur des scénarios et des dialogues de tous les films (excepté un), où il joue le rèle de l'Inspecteur Tahar.Le duo l'Inspecteur Tahar-l'Apprenti est déjà un symbole (et une dénonciation subtile) de la hiérarchie (inversée) des valeurs et des compétences dans notre pays. L'ignorant paranoïaque est chef, tandis que l'instruit, intelligent qui parle plusieurs langues, est rabaissé au rang d'«apprenti» (même pas un adjoint) qui, évidemment, «apprend» auprès du «maître». Le supérieur qui se méfie des intellectuels accuse son subalterne de comploter pour lui «prendre» son poste. Aussi, il essaie de bloquer la plupart de ses initiatives et propositions. L'Inspecteur Tahar ne sait pas ce que veut dire «crimes économiques». Alors, il se met en colère contre son adjoint qui dit qu'ils s'occupent des affaires relatives aux crimes économiques, tout en lui lançant d'un air hargneux : «Qui vous a dit que nous nous occupons des crimes économiques '»Détournant habilement la censure, Hadj Abderrahmane avait, pratiquement, dénoncé toutes les tares du système et de la société algérienne.Dans un film, il dénonce la corruption à travers Tahar promu commissaire et qui dit à son adjoint : «L'apprenti restera toujours apprenti, à moins qu'il ne comprenne tout seul ce qu'il doit faire.»Dans la pièce théâtrale El Kiyassine (les masseurs), ce sont les «interventions» au sein de la police qui sont dénoncées. Dans cette même pièce, Hadj Abderrahmane a passé subtilement un dialogue en kabyle entre le commissaire et un des masseurs du hammam El Istiqlal arrêté par le bouillonnant inspecteur, après le vol de ses vêtements. Ce n'est certainement pas par «bêtise» que les Kabyles sont cités parmi les touristes étrangers dans Les vacances de l'Inspecteur Tahar.L'Apprenti a répété trois fois ennas rahi takoul ya l'inspecteur ! Cette «bouffe» bien sûr, ce sont les affaires plus ou moins louches. «Il faut une méthode scientifique», dit l'Apprenti. «Scientifique, c'est pas politique '» lui demande l'Inspecteur, ce qui nous rappelle qu'à l'époque faire (ou parler) de la politique était mal vu. Au début du film Les vacances de l'Inspecteur Tahar, Tahar demande au coiffeur de lui raser les moustaches car «elles ne servent plus à rien». Il n'est pas question ici de mode ou d'élégance. La moustache était, à l'époque, un signe de fierté et de virilité. Hadj Abderrahmane voulait dire que l'homme en Algérie, humilié, n'a pas de quoi être fier. Donc, autant raser cette moustache qui ne sert plus à rien.A bien y voir, Hadj Abderrahmane a fait preuve d'une audace inouïe. Il nous faisait rire certes, mais il nous donnait aussi à réfléchir !K.'b.




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