Algérie

Le couac de trop'



Le couac de trop'
En ce mois de Ramadhan, les apparitions du président Bouteflika sur le petit écran sont plutôt rares pour ne pas dire inexistantes. Chaque soir, les Algériens ont particulièrement droit à son portrait bien mis en évidence dans les JT, soit pour  les besoins de son activité courante comme les audiences présidentielles, soit pour illustrer cette série de contacts avec les membres du gouvernement ponctués, comme le veut désormais la tradition, par de très longs communiqués qui sont en fait des synthèses – bilans établis pour chaque département ministériel.
Pas d’images de ces rencontres auxquelles sont conviés chacun son tour, comme dans un examen, les membres de l’exécutif et présentées pourtant comme des faits d’importance dans la  vie gouvernementale, et donc pas celle d’un président qui donne ses orientations, mais dans un anonymat qui reste un mystère pour les téléspectateurs. Sans aller jusqu'à se poser des questions qui n’ont pas lieu d’être, les Algériens se demandent tout de même pourquoi ce jeu de cache-cache qui ne rime à rien, à moins que ce ne soit une stratégie de communication qu’il faut savoir décrypter. Silence sur toute la ligne, même lors de l’enterrement du regretté Lakhdar Bentobal, une des figures parmi les plus marquantes de la révolution algérienne, où son absence n’est pas passée inaperçue.  Le président ne s’est pas déplacé pour rendre un dernier hommage au disparu avant sa mise sous terre, et autant dire que cette absence a fortement donné lieu à quelques spéculations politiques inévitables.
Au demeurant, la télévision nationale renforce le doute, le soir, en banalisant complètement l’enterrement de Bentobal. En effet, alors que l’Algérie tout entière s’inclinait devant la disparition de ce géant de la révolution, l’Unique n’a pas trouvé mieux pour semer encore davantage le trouble dans les esprits que d’ouvrir son journal de vingt heures par un message de félicitations envoyé par Bouteflika à son homologue ukrainien à l’occasion de la fête nationale d’Ukraine, reléguant ainsi la mort de Bentobal en troisième ou quatrième position.  Elle privilégie donc un fait tout à fait anodin qui aurait pu attendre au détriment d’une info capitale, à la mesure en tous cas de la dimension historique et patriotique d’un militant dont le nom restera à jamais gravé dans les mémoires des Algériens.
Pourquoi cette manipulation de l’information de la part d’une télé connue pourtant pour sa rigueur sélective quant il s’agit de traiter des événements d’une grande sensibilité de ce genre ' A priori, on peut émettre toutes les supputations possibles pour tenter d’avoir une explication plausible à ce grave couac de banalisation, mais jamais on ne nous fera penser que cette substitution relève d’une simple erreur d’aiguillage. Tout porte à croire au contraire que c’est volontairement que l’événement douloureux qui a causé une très forte émotion à travers tout le pays à été couvert de manière aussi peu glorieuse. Bentobal quittant à jamais un pays pour lequel il a tant donné, méritait assurément bien plus que la Une d’un JT qui vient de faillir de manière flagrante à sa mission et de prouver encore une fois qu’en continuant de se plier sans coup férir aux injonctions les plus tordues venant d’en haut, il sombre dans un rôle propagandiste de plus en plus aventureux.
Qui avait intérêt à banaliser le dernier hommage rendu à un militant d’une telle envergure ' Que voulait-on démontrer par ce geste d’ingratitude qui n’honore en rien ses auteurs ' En somme, qui a ordonné  au service de l’information de la télévision nationale de commettre ce genre d’impair ' Bentobal, de son vivant, dérangeait-il vraiment l’establishment politique au point d’être à ce point déconsidéré ' Autant de questions qui risquent de rester sans réponse… Ainsi va dans notre pays la considération accordée aux héros de la révolution !   


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