Algérie

Le COUAC dans sa plénitude Vu à la télé



Le COUAC dans sa plénitude Vu à la télé
Notre confrère et ami, Maâmar Farah, a parfaitement raison de fustiger la tonitruante campagne médiatique menée par certains cercles officiels relayés bien entendu par la Télévision nationale, pour dénoncer avec une rare virulence le geste déplacé et inconvenant de l'équipe du Mouloudia d'Alger lors de la finale de la coupe d'Algérie de football. Joueurs et dirigeants, ayant sûrement mal accepté leur défaite, se sont abstenus, rappelons-le, de monter à la tribune officielle pour recevoir des mains du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, les médailles symboliques attribuées par tradition aux finalistes malheureux, et c'était là le délit suprême qu'il ne fallait pas commettre et qui allait déclencher une bronca hystérique contre les dirigeants du club algérois dont beaucoup sont des cadres de Sonatrach. Pour le talentueux billettiste du Soir d'Algérie, ce comportement relève tout au plus de l'anecdote et ne méritait pas un tel tapage qui virait carrément à la manipulation politique et visait en tous cas d'autres objectifs non avoués.
Certes, le geste des Vert et Rouge, couleurs glorieuses qui ont charrié au fil des temps et des époques de très hautes valeurs morales au-delà de la dimension sportive, sentiment d'ailleurs très bien exprimé par d'anciens noms mythiques du prestigieux club populaire, comme Bachi, Betrouni ou Nacer Bouiche, ce geste donc est condamnable à plus d'un titre et ne mérite aucune indulgence. Refuser en effet de manière aussi irrespectueuse la distinction symbolique, c'est porter carrément atteinte à l'éthique sportive et surtout mépriser la loi du sport qui veut que dans toute compétition il y ait un vainqueur et un vaincu, le credo étant de savoir rester digne aussi bien dans la victoire que dans la défaite. Sitôt donc l'irréparable commis voilà, pour revenir à notre sujet, que s'ébranlât, comme si elle n'attendait que cette opportunité malheureuse, la machine médiatique que d'aucuns qualifieraient de douteuse pour concentrer l'esprit de l'opinion publique sur la gaffe mouloudéenne, alors que la scène nationale regorge de faits et d'événements autrement plus importants et plus graves qui, curieusement, ne font pas les choux gras de nos experts en communication.
La messe semblait dite et il fallait sortir la grosse artillerie pour que l'affaire du Mouloudia devienne presque une affaire d'Etat. Mais que vaut par exemple le refus de Menad et sa troupe de subir la corvée de l'estrade présidentielle devant les actes prédateurs de certains pontes du régime qui, eux, portent d'incommensurables préjudices à l'économie du pays. Associés à des dossiers lourds de corruption, ces derniers continuent toujours de bénéficier d'une forme d'impunité qui reste invisible et qui les a toujours couverts jusque-là. La question est de savoir pourquoi la Télévision nationale, qui a été en première ligne pour dénoncer l'attitude anti-sportive et' en pointillé (c'est suggéré) presque anti-patriotique du MCA ne s'est jamais intéressée aux affaires scabreuses qui font l'actualité, comme le scandale de Sonatrach, dans lequel son ex-patron et ex-ministre de l'Energie est, c'est de notoriété publique, impliqué. Sonatrach étant dans cette affaire extra-sportive ' c'est tout l'art de la manipulation 'partie prenante, puisque c'est elle qui gère le club, l'anormalité aura été de faire l'impasse sur le lien qui devait exister entre les forfaitures des «protégés» du système, qui ont fait de cette entreprise un bien personnel, et le couac mouloudéen auquel on a donné une résonnance surdimensionnée pour faire diversion sur les sujets autrement plus sensibles et sur lesquels les Algériens attendent des vérités.
Cela dit, il faut relever le mérite professionnel de la chaîne privée Ennahar TV, qui avait saisi tout le sens de l'enjeu médiatique entourant les non-dits de la finale de la coupe d'Algérie, en orientant le débat sur l'impunité de Chakib Khellil, au moment où son dossier est entre les mains de la justice, et non pas en forçant la dose sur le geste du MCA qui ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Dans la même optique, il convient de retenir les interventions dans les réseaux sociaux des supporters parmi les plus fidèles du vieux club algérois qui ont compris que leur équipe fétiche, dans cette histoire, n'a été qu'un alibi pour servir d'autres desseins. S'ils ont été fortement hostiles ' on parle des vrais supporters ' à l'instrumentalisation du sigle du Doyen pour un utopique quatrième mandat présidentiel, ils restent convaincus que le couac subi par le club n'est que le prolongement de cette manipulation qui n'a pu aller jusqu'au bout, en raison de la maladie du chef de l'Etat survenue à un moment où personne ne s'y attendait. De nombreuses sources crédibles avancent le fait que tout était organisé pour que le Mouloudia ne rate pas «sa» fête.
On avait tout prévu et le gigantesque emblème vert et rouge à la gloire de Bouteflika était même prêt à réinvestir les gradins. Les cols blancs qui agissent en dehors du club et qui ne demandent jamais l'avis des supporters voulaient donner une tournure politico-sportive à la finale et dans cette opération, la FAF, dit-on avait un rôle à jouer. Mais l'accident cardio-vasculaire du Président a tout faussé. Colère d'un côté, affolement de l'autre, Dame coupe s'est terminée en queue de poisson, au grand avantage de celui qu'on avait presque oublié qu'il pouvait lui aussi tout remettre en cause, le club usmiste, éternel rival du Mouloudia ! Comme quoi, comme dit le proverbe de chez nous : «Celui qui compte à son avantage ne récolte que des miettes'» Entre-temps, notre télé publique se tait toujours sur la maladie du Président, sur l'affaire Melzi, et sur bien d'autres sujets qui dérangent.


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