Algérie

Le coronavirus, les Chinois et l'autre



Quand les Chinois avaient fait irruption dans le paysage des Algériens, on ne pouvait pas vraiment dire qu'ils avaient fait? irruption dans leur vie. On ne pouvait pas non plus dire qu'ils étaient les bienvenus. On ne peut rien contre les préjugés défavorables, les généralisations injustes et les extrapolations tirées par les cheveux. Les Chinois en Algérie, il n'y en a pas eu beaucoup par le passé. Pour l'expliquer, il y a peut-être d'autres raisons qui ne viennent pas spontanément à l'esprit mais les « classiques » peuvent faire l'affaire. Il y a la géographie qui s'est arrangée pour que les deux territoires soient très loin l'un de l'autre. Il y a l'histoire, la culture? tout le monde a compris. On a trop entendu la rengaine pour ne pas connaître la chanson. Il y a eu les années 1990. Il n'y avait pas plus de Norvégiens que de Chinois à se balader dans les rues d'Alger, d'Oran ou de Bouira mais on retiendra qu'il n'y avait pas de? Chinois. Parce qu'eux, ils ont fini par arriver au début du nouveau siècle. Autant dire au mauvais moment pour leur adoption. Le pays émergeait de l'horreur et les nouvelles options n'ont pas mis longtemps pour annoncer que le bonheur n'est pas pour demain. Dans la bouche du jeune Algérien ordinaire et sans perspective, la sentence, usinée dans de lointains laboratoires de la haine, était déjà audible : des millions de chômeurs algériens et on nous ramène des prisonniers aux yeux bridés pour faire le boulot. Il y a plus grave, ils mangent du chien, ils vont épouser nos filles, acheter toutes nos échoppes et bientôt mettre main basse sur nos terres. Les Algériens ont vu ça à? Paris. Même ceux qui n'ont jamais mis les pieds à Paris vous le diront ! Les premières raisons de leur présence en Algérie n'arrangent pas les choses. Déjà les premiers scandales de marchés douteux. Enfin, « douteux », pas vraiment, puisque tout s'est rapidement confirmé en la matière. On disait qu'ils ont été choisis parce qu'ils sont les moins regardants, question régularité des transactions et respect des normes. Corruption : ils ne sont pas venus tout seuls pour ça mais c'est plus commode de désigner le maçon chinois qui vit dans un baraquement de fortune et travaille 14 heures par jour. Le travail, justement. Les Algériens le savaient un peu mais cette fois, ils ont vu des immeubles monter comme par magie. Ils savaient aussi le génie chinois dans la contrefaçon mais s'en accommodaient un peu, comme partout. Sinon la réussite chinoise en l'occurrence ne serait pas si exemplaire. Les Algériens ont découvert de petits magasins bien faits et des vendeuses avenantes. Les Chinois travaillent et les petits et vaillants plâtriers qui triment dans les baraquements ne sont pas les responsables des transactions mafieuses et du chômage à Tiaret. Puis est arrivé le coronavirus et l'horreur reprend en squattant les réseaux sociaux. Maintenant, ils mangent du rat pendant que des Algériens bouffent de la vache enragée. Les yeux bridés, on s'en est rarement approché mais il faut quand même s'en éloigner. Le Chinois, c'est « l'autre », problématique, surtout quand il est si commode.S. L.


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