Algérie

«Le contexte pétrolier n'est pas favorable à des sanctions contre l'Iran»



«Le contexte pétrolier n'est pas favorable à des sanctions contre l'Iran»
- Dans quelle mesure un embargo sur le pétrole iranien serait-il susceptible de perturber le marché ' L'embargo sur les importations de pétrole iranien aura des conséquences considérables sur le marché pétrolier pour deux raisons. La première est que ceci priverait les pays consommateurs de tout ce que l'Iran exporte comme pétrole. La seconde est qu'il y a le risque de représailles du côté des Iraniens. Ceux-ci ne s'en cachent pas. Ils menacent de fermer le détroit d'Ormuz par où passe une grande partie des exportations mondiales de pétrole. Cela aura des effets considérables au niveau du circuit de l'approvisionnement, au niveau de la disponibilité du pétrole et, bien entendu, au niveau des prix qui vont grimper très fortement.
- Les responsables iraniens évoquent la possibilité du prix qui dépasserait la barre des 200 dollars le baril. Est-ce que c'est une hypothèse qu'on peut prendre en compte ' Personne ne peut prévoir jusqu'où les prix du pétrole pourraient aller. On ne peut pas donner un chiffre comme ça avant même que d'éventuels événements aient lieu. Ce qui est certain, c'est qu'il y aura une très forte augmentation des prix. Qu'ils passent à  150 dollars, à  180 ou à  200 dollars et plus, toutes les hypothèses sont possibles. Cela dépend de beaucoup de facteurs et de circonstances. Ce qui est certain, c'est qu'une telle possibilité aurait des effets désastreux sur le marché pétrolier.
- Une forte augmentation des prix pourrait-elle avoir un impact lourd sur les économies de la zone euro déjà engluées dans la crise ' Il y aura un impact certain sur les économies de tous les pays consommateurs de pétrole, y compris les pays de la zone euro qui dépendent, en grande partie, du pétrole iranien. Il ne faut pas oublier non plus que les possibilités d'aggravation de la crise avec l'Iran, y compris les sanctions prises à  l'encontre de Téhéran et ses menaces de représailles, interviennent dans un contexte pétrolier déjà marqué par une demande en croissance relativement forte malgré un recul dans certains pays industrialisés.
Mais cette régression et ce recul sont plus que compensés par la forte croissance de la demande dans les pays émergents. La demande augmente alors que les capacités non utilisées de production deviennent limitées et les découvertes se font rares. Le développement de nouvelles capacités de production est assez lent. On prévoit également que les pays exportateurs de pétrole développent leurs capacités de production beaucoup plus lentement. Cela est expliqué par une raison très simple.
Ces pays, qui sont pour l'essentiel situés dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, ont déjà commencé à  affecter une bonne partie de leurs dépenses à  des projets sociaux et autres pour faire face à  ce qu'on appelle le Printemps arabe.
Ces pays éprouvent le besoin d'investir dans des domaines autres que le pétrole. Tout ceci se fait aux dépens de tout ce qu'on pouvait attendre comme investissement dans l'industrie du pétrole, notamment les segments exploration et production. Ce qui signifie automatiquement une croissance plus lente des capacités de production et d'exportation. Ce qui ne peut que pousser le marché dans le sens d'une hausse des prix.
- Quelles sont les implications des sanctions prises contre les Iraniens et sur l'économie iranienne ' Les sanctions peuvent toucher aussi bien l'investissement des secteurs du pétrole et du gaz qu'un boycott du pétrole iranien. Ce dont je doute. Le risque est trop grand pour les Etats-Unis et l'Europe pour avancer dans ce sens et interdire le pétrole iranien. Ils savent que le contexte pétrolier n'est pas trop favorable à  ce genre de sanctions. Il y a déjà des tensions sur le marché et toute initiative de sanction risque d'avoir des effets déplorables sur l'Iran, mais aussi sur les pays importateurs de pétrole iranien.
- Ce qui pourrait gêner les Iraniens n'est pas tant l'embargo sur le pétrole, mais les contraintes imposées aux banques. Qu'en pensez-vous ' Depuis plusieurs années déjà, ces pays (Etats-Unis, Europe, ndlr) ont cherché à  étrangler l'Iran pour faire pression et le pousser à  arrêter son programme nucléaire. Ils n'ont pas réussi jusqu'ici. Un durcissement des sanctions que ce soit dans le domaine pétrolier, financier ou autre qui irait jusqu'à présenter un risque plus grave pour l'économie iranienne, il faudrait s'attendre dans ce cas à  des représailles du côté iranien. Ceci pourrait engendrer un processus qui deviendrait complètement non maîtrisable.

 


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