Algérie

Le conteur guerrier



C’est devenu presque un rite que de venir faire la ronde autour de ce mystique personnage. Ses interminables récits nous  subjuguent par leur éloquence. Il devint le temps d’un conte maître de cérémonie hypnotisant une foule hagarde en quête de ressourcement spirituel. Derrière son profil trompeur de troubadour lyrique, il dévoile sa véritable personnalité d’objecteur de conscience. Ces prédications trempées dans une longue nuit coloniale deviennent de véritables messages politiques pour inciter la foule à la révolte. Entre deux représentations, il faisait charmer un cobra le temps d’une récréation  pour tromper les vigiles. Ensuite trois coups de Bendir et nous voilà repartis pour un diwan à large écho. Il peut être un adepte de Sidi Abderrahmane El Medjdoub ce poète mystique du I5e siècle célèbres pour ses diatribes ou encore un derviche libre formé dans la grande école de la misère. C’est par dépit à l’administration coloniale qu’il  fuira sa terre  confisquée pour rejoindre une arène de combat qui sied à son expression. Dans les folles années de braises, les «gouals» venaient   nombreux devant les cimetières s’adresser aux morts. Dans leurs oraisons, ils déclamaient que le sang était le prix à payer pour libérer la patrie. A travers ses injonctions très offensives, ces valeureux personnages ont fait cas d’école dans l’art d’inculquer l’esprit du sacrifice chez les foules.  L’histoire n’aura  pas tant dit  sur le cheminement de ses guerriers de l’ombre. Il faudra  remonter le mouvement culturel maghrébin pour retrouver trace de ces poètes mystiques. L’Emir Abdelkader dans ses grands hauts faits d’armes, s’abreuvait  des longues envolées lyriques du Poète Belkheir qui le soutint dans tous les combats. Sidi Lakhdar Ben Khlouf dans  son Iliade sur la bataille de Mazagran prédisait  la défaite des espagnols. Dans ce  magnifique magma culturel, on retrouve le célèbre Wali Dada qui lors d’un voyage mystique  employa sa canne pour provoquer une grande tempête qui saborda l’armada espagnole au large d’Alger. Ou encore Sidi Bougdour  ce derviche  potier de son état qui employa le «pot d’argile contre le fer» pour mystifier l’invincibilité de l’armada espagnole.


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