Algérie

« Le conte véhicule un message » Interface - Naïma Mehaïlia conteuse



« Le conte véhicule un message »                                    Interface - Naïma Mehaïlia conteuse
Présentez-vous à nos lecteurs.
Je suis conteuse et je consacre mon temps à conquérir le c'ur du merveilleux monde féerique des petits. Chacune de mes représentations est un moment de pur bonheur que je partage avec les enfants notamment. J'essaie d'adoucir l'atmosphère crispée des chérubins, après les heures de cours. Je leur fais, autant que faire se peut, oublier toute pression venue du monde des adultes. J'invente des histoires à l'univers fantastique qui transportent leur imagination, sans oublier les contes de notre riche patrimoine culturel oral que je tente souvent de leur transmettre. J'ai appris jeune l'art de conter et la création des contes. Chaque fois que je fais une représentation, je choisis mes thèmes ainsi que les techniques pédagogiques. J'organise même des ateliers pour femmes conteuses au niveau de la capitale.
Depuis quand êtes-vous conteuse '
Je pratique réellement cette « douce » profession depuis une dizaine d'années. Et chaque instant partagé avec ces adorables enfants me garde en vie et me procure une satisfaction morale extraordinaire. Je dois préciser que sans exception aucune, tous mes contes ont une morale. Je parle des choses essentielles qu'un enfant doit connaître dans la vie ou qu'il doit respecter. Je transmets des messages aux enfants, car ils sont l'avenir de notre pays. J'insiste sur les bonnes manières, le bon comportement qu'un enfant doit avoir, car le conte véhicule un message. J'évoque aussi des sujets amusants, éducatifs et préventifs à la fois. C'est une manière de faire passer le message sans jamais lasser l'enfant. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, je n'écris jamais mes contes. Mes textes sont le fruit de mon imagination, car je pense que le conte ne s'écrit pas. Il se transmet par voie orale, tel que nos grand-mères et grands-pères nous l'ont légué. Ils l'ont mémorisé et nous l'ont dévoilé comme un secret longtemps gardé.
Le public aime-t-il ce genre d'art '
Le conte et la façon de le narrer fascine grands et petits. Je le constate à chacune de mes séances. A Alger, Bejaïa, Timimoun, Adrar, Tamanrasset et Bechar où j'ai animé des journées de conte dernièrement, mon public a beaucoup apprécié et a réclamé d'autres contes et une nouvelle visite. Cela prouve que ce genre d'art a son public. Vous savez, les Algériens ont tous un artiste et un admirateur d'art qui sommeille au fond de leur tête. Il suffit simplement de leur permettre de se manifester. C'est pour cette raison que le public adore l'art dans toutes ses expressions.
Récemment, l'on a entendu parler de votre projet de traduction des chansons de Lounis Aït Menguellet en arabe. Pouvez-vous nous en parler '
Je dois d'abord dire que Lounis Ait Menguellet a toujours exercé sur moi une fascination profonde. C'est mon idole et mon chanteur préféré. Depuis ma prime enfance, ses mélodies et ses textes m'ont bercé. Comme j'ai voulu faire partager la beauté et la portée de ses chansons au public qui ne parle pas et ne comprend pas le kabyle, j'ai décidé de traduire son 'uvre en arabe dialectal. C'est tout de même dommage que la moitié de la population ne comprenne pas la poésie de ce grand poète ! J'ai voulu modestement le traduire en arabe algérien pour le faire connaître aux Algériens non kabylophone. En parallèle, j'ai traduit la pièce théâtrale « l'Algérie du poète », qui a été jouée à l'occasion de l'année de l'Algérie en France en 2003 et plusieurs fois au Théâtre National Algérien. Cette pièce je l'ai traduite du kabyle au français et du français a l'arabe algérien.
Parlez-nous de vos débuts dans ce domaine. Est-ce qu'il vous a été facile de vous imposer en tant que conteuse '
J'ai commencé à faire du conte en faisant du bénévolat dans les hôpitaux pour les enfants malades. Par la suite, j'ai participé à plusieurs festivals, à l'instar de « FILIV, lire en fête », le festival international Abalessa-Tinhinane des arts de l'Haggar, en plus des salons du livre. Je suis sollicité très souvent par les bibliothèques, mais aussi et surtout par l'espace enfant du palais de la culture, où j'ai présenté dernièrement un conte sous forme théâtralisée. C'est une nouvelle ère pour le conte, à travers lequel j'ai fait jouer les personnages du conte sur scène, tout en gardant le narrateur dominateur du conte. Résultat : grands comme petits, le public a admiré ce travail. Ceux qui ont assisté ont été simplement émerveillés de découvrir une nouvelle manière de conter. D'ailleurs, grâce aux encouragements de mes fans, j'ai pris la décision de théâtraliser à l'avenir mes contes. Cela permettra de faire passer le message facilement. D'ores et déjà, j'ai créé une troupe « Hajtekoum'Majtekoum » qui représente trois générations et univers différents, à savoir des conteurs, des universitaires et des écoliers.
Les conteurs ont-ils une place dans le monde artistique national '
Le conteur, à mon avis, n'a pas encore son statut et sa place dans notre pays. Cela est dû, me semble-t-il, à plusieurs facteurs. Dans notre société, la fonction de conteur s'exerçait jadis dans le cadre familial. Autrement dit, l'espace où se déployait le conte, c'était la famille. Je pense que le conteur n'a pas le statut d'artiste comme c'est le cas dans d'autres pays. Beaucoup reste à faire pour donner au conteur la place qui lui revient de droit. Cela étant dit, nous espérons qu'à l'avenir, il aura une place digne de lui, comme artiste, car il apporte beaucoup à l'éducation de nos enfants et de la société.
Des projets en perspective '
Je compte concrétiser, notamment après le succès enregistré lors de mes représentations dans le Sud du pays, un nombre important de projets aux enfants de ces régions. Je souhaite seulement leur apporter de la joie, du rêve et de l'animation. Par ailleurs, dans le souci de permettre à un large public d'écouter mes contes et d'apprécier ce que je fais, je pense à l'avenir les éditer.


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