Amachahou ! Par tous les temps, sur un mont escarpé du Djurdjura , le petit Vréroche faisait paître son troupeau de chèvres. Un jour, le loup lui dévora sa biquette préférée. Vréroche en fut meurtri. Il rentra des pâturages les yeux inondés de larmes. Sa mère le consola et lui servit un couscous. Vréroche refusa d’y goûter. Elle lui prépara une bonne galette pour lui ouvrir l’appétit. Il la repoussa. Inquiète, elle fit des beignets. Vréroche en raffole ! Mais Vréroche, inconsolable, continua obstinément à refuser toute nourriture.
Excédée, sa mère ordonna au bâton :
- Bâton ! Frappe Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Vréroche ne m’a rien fait.
Face à cette désobéissance, la mère se tourna vers le feu :
- Feu ! Brûle le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le bâton ne m’a rien fait.
La mère ne baissa pas les bras et s’adressa à l’eau :
- Eau ! Eteins le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le feu ne m’a rien fait.
De plus en plus excédée, elle appela le veau :
- Veau ! Bois l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! L’eau ne m’a rien fait.
Elle saisit le couteau et lui dit :
- Couteau ! Tranche les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le veau ne m’a rien fait.
Elle en appela au forgeron :
- Forgeron ! Brise le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche, qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le couteau ne m’a rien fait.
Elle commanda à la corde :
- Corde ! Ligote le forgeron qui refuse de briser le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le forgeron ne m’a rien fait.
Elle ordonna à la souris :
- Souris ! Ronge la corde qui refuse de ligoter le forgeron qui refuse de briser le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche, qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! La corde ne m’a rien fait.
La mère enjoignit au chat de la voisine de croquer la souris.
- Miaou ! Avec grand plaisir, dit le chat qui s’avança vers la souris.
La souris prit peur et se dirigea vers la corde. La corde, à son tour, se dirigea vers le forgeron. Le forgeron se dirigea vers le couteau. Le couteau se dirigea vers le veau. Le veau se dirigea vers l’eau. L’eau se dirigea vers le feu. Le feu se dirigea vers le bâton et le bâton se souleva pour frapper Vréroche. Enfin, Vréroche se mit à manger. Il se régala des beignets, de la galette et du couscous. Depuis, il ne bouda plus aucun repas.
Il devint si grand et si fort que jamais plus aucun loup ne lui dévora une chèvre de son troupeau !
Mon histoire est partie dans les broussailles et moi j’ai dégringolé de la montagne !
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Posté Le : 22/07/2023
Posté par : imekhlef
Ecrit par : rachid imekhlef
Source : Mythologie Berbére