Algérie

Le constat des organisations



Le constat des organisations
La situation des droits de l'homme en Algérie est « moyenne », a indiqué Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), dans une déclaration, hier, à Horizons. Pour lui, « l'Algérie a réalisé des progrès substantiels dans ce domaine mais qui restent à parfaire ». « Aujourd'hui, la volonté politique, la demande de la société civile et la revendication politique ont fait changer les choses de façon à rétablir ces droits. Cela n'évolue peut-être pas à la vitesse voulue mais il y a des choses qui se font de manière progressive », soutient-il. Pour lui, « les aspects que les pouvoirs publics doivent soigner pour avoir des résultats probants sont l'amélioration de la justice ». « Le respect des droits de l'homme passe par la sécurisation de l'espace judiciaire national. C'est le rôle des magistrats qui doivent veiller à la sécurité des citoyens et de leurs biens. Les magistrats sont les premiers défenseurs des droits de l'homme. Leur travail est pénible mais il est déterminant. Il faut prendre conscience de ça et veiller à le mettre en exécution », souligne-t-il. Et si Farouk Ksentini ne remet pas en cause la réforme de la justice, il évoque, néanmoins, le problème de l'application des lois. « Je vous donne l'exemple du code des procédures pénales qui est un texte très moderne dont l'application se fait de manière incorrecte », explique le président de la CNCPPDH. Il évoque aussi le rôle de l'Etat dans la promotion des droits sociaux des citoyens en leur assurant un travail, un logement et un système de santé efficace. « Pour cela, il faut construire une économie productrice solide et créatrice de richesse de manière à mettre à l'abri les citoyens car la rente pétrolière s'avère trompeuse et ne peut pas assurer la pérennité de la stabilité », estime-t-il. Me Ksentini salue, cependant, les amendements du code pénal visant « le renforcement de la protection des femmes et des enfants ». « C'est une initiative bien inspirée qu'il faut encourager car elle concerne des personnes vulnérables », note-t-il. Me Noureddine Benissad, de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADH), a affirmé que son organisation a été la première à saluer les réformes politiques engagées en 2011 et qui devraient aboutir à la levée de l'état d'urgence instauré en 1992. « L'Algérie n'est plus à l'époque du parti unique et a traversé la période du terrorisme. En dépit du changement de cette situation, force est de constater que des contradictions existent sur le terrain », indique-t-il. Ainsi, il relève que malgré la ratification par l'Algérie des conventions internationales et la mise en conformité de ses lois, des pratiques quotidiennes de l'administration persistent et remettent en cause certains principes. « Il y a encore une restriction et une limite des libertés, notamment la liberté d'association, de réunion, de manifestation et autres », observe-t-il. La ligue a alerté, selon Me Benissad, les pouvoirs publics sur « ces contradictions et ces restrictions ». « La liberté de manifester et de se réunir sont aussi des espaces de dialogue et de régulation sociale », rappelle-t-il.Hocine Zehouane : « Les organisations des droits de l'homme ont failli »Me Hocine Zehouane, également de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), focalise sa réponse sur la situation des organisations des droits de l'homme en Algérie, « qui laisse à désirer ». « La situation des droits de l'homme est cafouilleuse et chaotique », estime-t-il. La multiplication des organisations en charge de la défense de ces droits n'a pas, selon lui, du tout fait avancer les choses. « Il y a plusieurs ligues qui activent dans ce domaine sans qu'il y ait un résultat palpable. Chaque région et chaque wilaya veut créer sa propre ligue des droits de l'homme, et même l'étranger veut avoir sa ligue ici en Algérie. Ce n'est pas normal. Cette situation a provoqué une fragmentation des organisations censées protéger les droits de l'homme en Algérie », explique Me Zehouane. Cette situation reflète l'état, selon lui, d'agitation et de déstabilisation de la société algérienne. « Si les gens étaient sereins et confiants, on n'aurait pas eu besoin d'autant de ligues des droits de l'homme. Une seule organisation qui regrouperait tous les membres actifs suffirait pour faire un travail conséquent. Mais nous nous retrouvons au sein d'une société agitée et instable d'où cette multiplication des actions sans trop d'intérêt », regrette-t-il. Citant la loi sur les associations censée gérer et encadrer cette situation, Me Zehouane note qu'elle est « ambiguë ». Pour Me Noureddine Benissad, l'existence de plusieurs organisations de défense des droits de l'homme « n'est pas une situation normale ». Il cite le cas de la ligue qu'il préside et qui existe depuis 25 ans. « La loi sur les associations impose à toutes les organisations de se conformer à ses nouvelles dispositions pour avoir un agrément. Nous avons donc tenu l'assemblée générale et présenté notre dossier au ministère de l'Intérieur depuis une année sans avoir de réponse », déplore-t-il. Sur la polémique permettant aux associations de s'enquérir de l'état des détenus dans les prisons, il relève que ce genre « d'initiative n'est pas suivie d'effet sur le terrain ». et d'ajouter : « Je n'ai jamais entendu parler d'une association qui a obtenu cette autorisation. » Pour Me Ksentini, l'accès en prison n'est pas autorisé. « Je ne vois aucun inconvénient à ouvrir les prisons aux journalistes, aux députés et à la société civile pour constater de visu les conditions de détention d'autant qu'on parle des progrès réalisés à l'intérieur de ces centres », soutient-il.




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