Algérie

Le consommateur pris en otage



Qui est derrière ces tensions touchant des produits de première nécessité, comme l'huile de table, le lait et le pain ' Les hausses de prix qui ont touché un large spectre de produits de large consommation, où l'abus se mêle au bien-fondé d'une telle tendance qui éreinte le pouvoir d'achat des citoyens, parce que les spéculateurs tirent profit de cette atmosphère opaque et instable, où les explications fournies au sujet des hausses de prix et des pénuries qui touchent certains produits, et qui doivent normalement éclaircir le champ à l'opinion, obscurcissent davantage la situation, jusqu'à faire perdre toute crédibilité aux autorités en charge de la gestion de ce dossier sensible. Y a-t-il vraiment un déficit de production d'huile de table ' Non, la production est largement suffisante pour couvrir les besoins de la consommation locale, selon les autorités publiques et les producteurs. Pourtant, la rareté de l'huile de table, qui se faisait sentir sur le marché depuis quelques mois, s'est encore accentuée ces trois dernières semaines. On a montré du doigt les spéculateurs, qui sont à l'origine de cette pénurie, immanquablement accompagnée par la hausse des prix du produit.Inévitablement, les spéculateurs qui font office de vautours des marchés, exploitent toute aubaine où se fait sentir la moindre odeur de roussi. Mais, il faut aller chercher plus loin les causes qui ébranlent l'édifice commercial. Commerçants et associations de défenseurs des droits des consommateurs ne cachent plus leur colère contre certaines décisions du ministère du Commerce, qui sont à l'origine de la pénurie d'huile de table. La crise touchant ce produit est apparue après l'exigence de la facturation aux producteurs et aux commerçants détaillants. La facturation, synonyme de paiement des impôts, met dans l'embarras les commerçants, qui se retrouvent perdants au bout du compte. En toute logique, ils ne veulent pas s'embarrasser de la vente à perte de ce produit. Doit-on abandonner la facturation dans ce cas-là ' Aucunement, réagissent des représentants des commerçants et des représentants des associations de défense des consommateurs, APOCE notamment, qui ne demandent qu'à être écoutés par les autorités compétentes.
Les concernés estiment que le maintien de la facturation est possible mais en procédant à l'imposition à la source, au niveau du producteur, sans ajouter une quelconque contrainte aux commerçants détaillants, qui se chargent de la vente de ce produit subventionné à des prix fixes, sans grande marge bénéficiaire. Résultats des courses, on a abouti après la mise en ?uvre de la facturation à la vente d'huile de table sous la table et à un prix bien supérieur à celui fixé par les pouvoirs publics. Un scénario semblable est en cours en matière de lait et ses dérivés. Le blocage des dérogations sanitaires d'importation (DSI) de la poudre de lait a créé une pression sur le lait, et là où on l'attendait le moins, le lait en pack, dont la fabrication est essentiellement basée sur le lait frais de vache ! Enfin, la libération des DSI devrait, dans quelque temps, remettre la situation à niveau, mais comment a-t-on pu ignorer que le blocage des DSI devait immanquablement conduire à une pression sur le lait ' Et cette dernière crise du pain semble comme une cerise sur le gâteau.
La réaction sévère des pouvoirs publics contre les boulangers qui ont augmenté unilatéralement le prix de la baguette de pain, au début de l'année, a provoqué une fermeture de boulangeries et causé une pénurie de baguette de pain. Dans tous les cas de figure, les autorités n'ont pas totalement tort dans leurs démarches, mais il y aurait mieux à faire à travers la concertation pour trouver les meilleures solutions qui peuvent arranger toutes les parties. Et éviter de prendre en otage le consommateur.


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