Algérie

Le Conseil d'insécurité



Comme le relève fort justement notre correspondant à Tunis, le pays de Bourguiba sort enfin de son «mutisme» sur la question du Sahara Occidental. À l'ONU, vendredi dernier, la Tunisie s'est abstenue de voter en faveur de la résolution N°2602 présentée par les Etats-Unis appelant à la reprise des pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario au nom d'une sibylline «neutralité positive».Rappelons quand même qu'au lendemain de la «marche verte» lancée par Hassan II, «El moudjahed el akbar» s'était empressé de lui exprimer publiquement son soutien. Pour certains observateurs de l'époque, Bourguiba avait pris cette décision engageante pour la stabilité de toute la région suite à une dispute avec feu Houari Boumediène qui l'aurait froissé, le prenant de haut. Pendant les années Ben Ali, à l'Est rien de nouveau jusqu'à la «révolution du Jasmin» qui allait laisser espérer une évolution dans la position tunisienne.
Exilé en France, Moncef Merzouki, qui avait fait des études au Maroc, rentre au pays et se fait élire président de la République. Sa tentative d'évoquer la question du Sahara Occidental avec le roi du Maroc en visite à Tunis lui a valu d'être rabroué sèchement. Pis, il n'avait pas bonne presse auprès des officiels algériens du fait de son itinéraire, notamment ses activités dans une ONG, droits de l'hommiste en France et certaines de ses déclarations sur la situation politique interne de l'Algérie. Après avoir retrouvé sa liberté d'action, il révélera sa véritable nature en se montrant un soutien zélé du Makhzen et surtout sur la question de la «marocanité» du Sahara Occidental.
Par ailleurs, la Tunisie n'étant pas à un paradoxe près, la société civile, les partis politiques ne montrent pas vraiment d'enthousiasme quant à la défense du droit à l'autodétermination des Sahraouis. Quelques voix timides en provenance des étudiants font exception. Il reste néanmoins que, vendredi dernier, le porte-parole de Carthage s'est exprimé de façon nuancée sur le vote de l'ONU, se disant plutôt préoccupé, souhaitant que le problème laisse place à la construction du Maghreb (sic). Il a déclaré que Tunis est favorable aux efforts de l'ONU et la désignation d'un émissaire spécial pour le Sahara Occidental et la prolongation de la mission de la Minurso. Pour lui, il faut faire prévaloir la solution politique. Sauf que celle-ci ne peut pas se faire sans le règlement de fond de l'injustice faite à un peuple plutôt désarmé face à un Maroc surarmé et déterminé à persister dans le déni.
La Tunisie de Kaïs Saïed semble faire preuve de nouvelles dispositions puisqu'elle n'occulte pas le fait qu'il s'agit avant tout d'un conflit maroco-sahraoui. En cela, elle se situe aux antipodes des thèses de la «marocanité» du Sahara Occidental. Par ailleurs, il faut bien noter que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU a été accueillie avec une grande déception par les dirigeants sahraouis. Affaire à suivre.
Brahim Taouchichet


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