Algérie

Le conflit social: un mal pour un bien


Un mouvement social sanctionne certes, un échec dans le dialogue, mais il préjuge aussi d'une économie qui va mieux et d'un retour de la croissance dont les fruits sont susceptibles d'être partagés.Qui a dit que les conflits sociaux étaient une spécificité algérienne' En France, en Allemagne ou encore en Chine, les conflits sociaux prospèrent. Ils font partie de la vie sociale et sont un signe de bonne santé de la société et de l'économie d'un pays. En Algérie et à la grève ouverte des médecins résidents, entamée depuis le 24 décembre dernier, vient de s'agripper le débrayage cyclique de deux jours des paramédicaux. A Tizi Ouzou, les lycées sont paralysés depuis plus de deux mois. Le risque d'une paralysie de l'ensemble du secteur de l'éducation est imminent. La décision d'une grève sera prise le 13 janvier prochain lors de la réunion de l'intersyndicale qui est composée, faut-il le rappeler, d'une douzaine de syndicats autonomes du secteur de la Fonction publique. L'université n'est pas en reste. Une grève est prévue le 14 janvier à l'appel de la coordination réunie dans le cadre de «la tripartite universitaire». La coordination, composée d'ex-représentants du Cnes (Conseil national des enseignants du supérieur) aile Abdelhafid Milat, du Safap (Syndicat algérien des fonctionnaires de l'administration publique), de l'Unja (Union national, de la jeunesse algérienne), de l'Ugel (Union générale estudiantine libre) et d'autres syndicats d'étudiants, a appelé à une grève nationale «unifiée» et le boycott de la première session de l'examen «jusqu'à la satisfaction des revendications et l'ouverture d'un dialogue effectif». Ainsi donc, le front social, déjà animé avec les grèves des médecins, dentistes et pharmaciens résidents, des enseignants de Tizi Ouzou, sera encore plus agité dans les prochaines semaines. Cette grogne sociale est-elle inquiétante' Menace-t-elle la paix sociale et la stabilité du pays' En fait, le déclenchement d'une grève peut avoir un côté négatif, mais il peut aussi avoir un côté bénéfique. Un mouvement social sanctionne certes, un échec dans le dialogue, mais il préjuge aussi d'une économie qui va mieux et d'un retour de la croissance dont les fruits sont susceptibles d'être partagés. D'un autre côté et en considérant la société comme un corps biologique, le conflit pourrait être aperçu comme un agent infectieux qui nécessite la création d'anticorps permettant de renforcer l'immunité qui n'est autre que la cohésion sociale. Autrement dit, un conflit peut être une source de cohésion dans la mesure où sa résolution nécessite tout d'abord un dialogue et amène souvent à créer de nouvelles règles sociales qui vont permettre de renforcer la cohésion au sein de la société. L'année dernière en France, 712 grèves ont été enregistrées. Cependant et selon les spécialistes de la question, la grève dite «traditionnelle» qui signifie d'arrêter le travail le jour J à l'heure H pendant plusieurs jours est, en déclin. Les Français recourent plus aux débrayages, c'est-à-dire les arrêts de travail de très courtes durées qui peuvent être de quelques minutes, de quelques heures au maximum et parfois plusieurs fois dans la même journée. Des actions qui suffisent dans beaucoup de cas à désorganiser une production ou un service. Selon les spécialistes, il s'agit là de «mobilisations tout aussi efficaces, mais moins coûteuses» pour les salariés. L'Allemagne, pays aux relations sociales traditionnellement paisibles, est secouée par un important mouvement social. Le puissant syndicat IG Metall a donné le coup d'envoi de plusieurs débrayages pour obtenir des hausses de salaires, mais aussi la semaine de 28 heures. En fait, le pays affiche des performances historiques, avec un taux de chômage au plus bas et une croissance en progression, de l'ordre de 1,9% en 2018. Raison pour laquelle les salariés réclament les fruits de la prospérité. Qu'en est-il réellement pour les conflits sociaux en Algérie' Le pays étant en crise, les syndicats ne doivent donc pas s'attendre à une augmentation salariale, même s'ils arguent et à juste titre de la baisse du pouvoir d'achat. Reste donc toute autre revendication que celle salariale, telle que l'amélioration des conditions de travail ou la suppression du service civil. Des revendications, faut-il le souligner, qui pourraient trouver une solution satisfaisante dans le cas où les deux parties en conflit arrivaient, chacune de son côté, à faire certaines concessions. Seule manière d'éviter le pourrissement, mais aussi d'éviter les coûts qui peuvent être engendrés par les arrêts de travail surtout en cette période de crise. Car, il faut bien admettre que tous les conflits sociaux ne sont pas nécessaires, qu'ils comportent parfois un coût humain et économique bien supérieur aux conséquences positives qu'ils peuvent entraîner. Cela voudrait dire que les responsables doivent rapidement comprendre qu'une protestation doit impérativement déboucher sur l'ouverture d'un dialogue permettant de corriger la stratégie menée.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)