Algérie

Le concept de formation continue toujours méconnu



Un exemple de militantisme pédagogique La formation continue c?est quoi au juste ? Pas sûr que nos jeunes enseignants puissent répondre à cette banale question. A notre grande surprise, un petit sondage nous l?a confirmé. Depuis une vingtaine d?années, ce concept a disparu du paysage scolaire algérien. Leurs aînés des années 1962-1970 avaient plus de chance avec la journée pédagogique hebdomadaire inscrite à leur emploi du temps. Encadrés par des inspecteurs ou des collègues plus chevronnés, ils goûtaient aux délices du perfectionnement-recyclage en prenant connaissance des dernières trouvailles pédagogiques. Ils profitaient de ces regroupements périodiques pour lever le voile sur les difficultés qu?ils rencontraient dans leurs classes. C?était-là une occasion de briser la solitude de ce métier difficile et rendre à l?enseignant l?indispensable confiance. A l?époque, les opérations de formation se déroulaient au niveau des chefs-lieux de wilaya et les frais de déplacement étaient pris en charge par l?enseignant lui-même. C?est dire l?adhésion unanime autour de ce principe-clé qui conditionne la carrière professionnelle. Pour des raisons diverses - financières et autres - le MEN a cessé d?organiser ces journées pédagogiques à partir du début des années 1980. Curieux paradoxe, l?extinction de la formation continue a coïncidé avec l?accroissement conséquent du nombre d?inspecteurs et de missions ponctuelles de formation à l?étranger, plus particulièrement en France. La démultiplication sur site attendu de ces missions n?a jamais traversé l?esprit des responsables. De retour au pays, elles se perdaient dans la nature. Privé de formation continue, l?enseignant se retrouve face à lui-même et à ses difficultés. Isolé du mouvement pédagogique universel, il sombre dans la routine. Le temps qui passe fossilise ses réflexes et aggrave ses carences professionnelles. La facture, lourde à payer, sera présentée à ses élèves en fin de cursus scolaire. Peut-on accuser l?enseignant de faiblesse de rendement dans de telles conditions ? Il a fallu attendre 1999, pour voir le MEN revenir à de meilleurs sentiments en lançant une vaste opération de formation en direction des enseignants du primaire. Victime d?une forte centralisation et d?une fausse appréciation des besoins du terrain, la belle idée a tourné court. Les bénéficiaires ont été invités à suivre des cours de mathématiques et de langue, alors que leurs besoins étaient autres. Leurs attentes n?étant pas prises en compte, ils ont vite déserté les regroupements malgré les mesures dissuasives. La formation continue ne saurait s?accommoder d?actions ponctuelles décidées ex nihilo à partir du sommet de la hiérarchie et - plus grave - verrouillées par la coercition. Il y a lieu de conscientiser l?enseignant, dès son recrutement sur l?importance de la formation continue et l?instituer en tant que droit et devoir comme cela se fait partout dans le monde. La réussite de ce type de formation passe inévitablement par la connaissance éclairée des besoins des enseignants. Seule leur participation active - source de responsabilisation et de motivation - pourra garantir le succès des actions planifiées à leur profit. Ce principe élémentaire a été magistralement matérialisé par les initiateurs de l?université d?été des enseignants de français organisée dans la deuxième quinzaine du mois d?août. Il est bien vrai que cet espace de communication, d?échange et d?écoute sort des chemins battus des regroupements officiels destiné « à des ignorants » convoqués par le « supérieur hiérarchique » qui, seul, détient le savoir. Une université d?été encadrée par des enseignants regroupés en association de wilaya.


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