Algérie

Le compte à rebours engagé



Après avoir approuvé une prolongation technique du mandat de la Mission des Nations unies en Libye (Manul) jusqu'au 31 janvier 2022, faute d'un accord entre les quinze membres pour l'adoption de la résolution présentée par le Royaume-Uni et pour une reconduction annuelle du mandat, le Conseil de sécurité a approuvé jeudi la Résolution 2599, à l'unanimité, soit un renouvellement de l'instance onusienne afin de lui permettre de parachever sa mission avec la tenue des élections législatives et présidentielle du 24 décembre prochain. C'est la seconde fois que le Conseil de sécurité recourt à ce genre de procédé, puisque le 15 septembre dernier, il a également opté pour une reconduction technique jusqu'à la fin septembre, afin, a-t-on expliqué, de donner plus de temps et de chance aux négociations en cours, concernant aussi bien la prolongation d'un an du mandat de la Manul, vivement contesté par la Russie qui réclame, en outre, que le représentant spécial soit basé à Tripoli et non plus à Genève que la question explosive du retrait des forces étrangères et des mercenaires toujours présents dans le pays. Ces dissensions viennent juste après celles qui ont opposé, la semaine dernière, le Parlement que préside Saleh Aguila, à Tobrouk, et le Haut Conseil d'Etat (HCE), basé à Tripoli. Les deux instances, représentatives des tensions entre les protagonistes du conflit, à trois mois de la tenue du double scrutin évoqué plus haut, se heurtent sur la question de la loi électorale, ratifiée le 9 septembre par le président du Parlement sans avoir été proposée au vote des députés. Il s'agit là, disent les contestataires, d'un instrument taillé sur mesure pour assurer la candidature du maréchal Khalifa Haftar, qui a la nationalité américaine et qui entend, en cas d'échec à la présidentielle, retrouver ses fonctions et toutes ses prérogatives. Jeudi et vendredi derniers, les représentants du HCE et du Parlement se sont retrouvés dans un grand hôtel de Rabat pour examiner ladite loi électorale et tenter d'aplanir le différend. A ce jour, les discussions semblent toujours en cours mais pour la communauté internationale, seule importe l'organisation prioritaire des scrutins législatif et présidentiel à la date fixée par le Forum de dialogue politique interlibyen (FDPL), en novembre 2020, à Genève. A cet égard, les Etats-Unis ont fortement insisté, par la voix de leur ambassadeur à Tripoli, Richard Norland, pour que «la campagne électorale commence tout de suite». Mais cela ne peut se faire sans le préalable d'une base légale et constitutionnelle que les protagonistes peinent à conclure, depuis plusieurs mois, même si l'on dit qu'ils y «travaillent» encore aujourd'hui. Outre la ratification sans vote de la loi électorale, le Parlement de Tobrouk a sabordé le processus de sortie de crise en adoptant une motion de censure à l'encontre du gouvernement d'union transitoire de Abdelhamid Dbeibah, aggravant les tensions entre les deux camps et suscitant la grande «inquiétude» de l'ONU. Qualifiée de procédure «nulle» par le HCE, cette motion a créé un climat dont on se demande s'il permettra à la Libye de tourner la page d'une décennie de chaos.


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