Algérie

Le complexe de la santé ou le syndrome du wali



Loin d'être des fables ou descontes à faire dormir debout, les histoires de la santé sont plus importantesdans leur fondement que les scandales qui agitent par soubresauts répétitifsles institutions hospitalières. L'hôpital, par essence, par nature, voire pardéfinition sémantique, est un endroit d'hospitalité. Si cette caractéristiqueessentielle s'en va, il ne reste là que l'inhospitalité. L'indifférence,l'inhumain, le nu, le vide et l'abandon. Dans ces maisons, la convivialitédevait servir loin d'une simple pancarte d'accueil et d'information, deconduite plus que professionnelle car puisant toutes ses raisons dans l'amorcemorale institutive de l'établissement sanitaire l'on ne cesse de dire que cheznous la santé est malade. De quoi souffre-t-elle au juste la pauvre ? D'uneaffection affective ? D'un désaveu parental ? D'une maladie nosocomiale oud'une agression épidémique lourde ? Le mal serait partagé, dit-on. Maisl'origine virale demeure néanmoins congestionnée dans la cavité de certainsesprits en charge du bien-être populaire. Quel est le modèle le plus idéalementsupérieur pour un thérapeute spécialisé, parmi tant d'autres, et localementpatenté en chefferie d'unité médico-chirurgicale ? Quel est, dans la pensée dece professeur, le degré le plus élevé dans la hiérarchie ? Tout le mondes'accorderait pour dire, qu'une seule réponse demeure exclusivement valable àcette interpellation en vue de tracer le profil de cette personne idéale,modèle et exemplaire. Du moins, dans la tête de notre professeur. Ce nepourrait être, en toute évidence et en plein entendement, que cette personne dontla compétence est universellement avérée en matière de sagesse médicale, dedextérité opératoire, de recherches studieuses, soutenues et interminables etde haute modestie. Eh bien que non !

L'on ne pourra plus comprendrecomment le monde fonctionne, lorsque l'on saura qu'un professeur de médecine aulieu d'agir par bistouri et auscultation, il préfère en solitaire, le solitairedans son bureau. L'incompréhension s'accroît davantage lorsque l'on sait quepar principe, le lieu naturellement propice pour un tel omnipraticien n'estautre qu'un espace stérilisé et aseptisé où l'acte le plus symbolique de lathérapie élémentaire se pratique avec tact et brio, mais au malheur de tous,l'inverse inouï reste vrai. Que diriez-vous si ce professeur vénère à mourir lecapitonnage et le calfeutrage des portes, la moquette en sol, les storescaliforniens et les éléments de salon velouté en plus d'un mobilier typiquementadministratif, genre abruptement postal, forestier ou d'état civil ?

Avoir à préférer un bureau à unbloc opératoire, un micro de jeux à un micro d'enjeux, pour un personnageassermenté qui, en outre, privilégie un costume mal porté à une blouse blanche,ce ne serait qu'une déchirure commencant à peine à perforer le dernier rempartde l'éthique médicale.

Cette éthique, à l'exemple decelle normalisée en une interdiction absolue d'accès aux sallespost-opératoires, est censée produire le respect de tous. Gardes, vigiles,praticiens ou malades. Elle ne devait souffrir d'aucune exception, ni depasse-droits, ni de faiblesse de sentiments. Pas même l'indulgence ou lamiséricorde humaine ne saurait s'ériger en voie de transgression d'une tellerègle mondialiste décrétée justement au nom de l'humanité. Que diriez-vousalors, si ce professeur vous lance, vous dit-on, en pleine face, sanss'empourprer «même le wali ne rentre pas !» ? Et ce, après avoir complaisammentautorisé d'autres à le faire. Soit à violer sa conscience et partant oserdéshonorer celle de tous. Cette attitude permissive ne serait, en fait, qu'unedésobéissance aux lois de l'OMS, une insolence à l'égard de garde-fou,d'hygiène et de salubrité publique.

Et puis ce parallèle avec le wali? Est-ce là, un point de fixation, un complexe ou un auto-défi ? Avoir un walidans le crâne comme le plus distinctif des paliers de l'autorité supérieure,c'est en toute vraisemblance s'affirmer petit, très petit. Car l'on est, toutde même, professeur ! Ayant parcouru de nombreux cursus, côtoyé la mort,sacraliser la vie. L'on aurait écouté se dire «même un professeur deMontpellier, de Aïn Naadja» ou un autre intitulé mais de rang quand bien mêmeprofessoral; l'on aurait été placide et satisfait.

En fait, la pire pathologie quipuisse à long terme emporter, sans défense, toute la santé vers l'abîme de lamort, n'est autre que l'indifférence.

La disponibilité parfois d'égardscompassionnels à l'égard de ceux ou celles qui en demandent pourrait produire àtous les niveaux un bon produit de santé. Un sourire ne coûte rien, un petitbonjour hisse toujours son auteur et le monde fonctionnera à merveille.






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