Algérie

Le commerce perd la mesure



Le commerce perd la mesure
La pesée d'un nombre. Le ministère du Commerce prend ses devants. C'est l'hiver. Les premiers flocons de neige ont fait leur apparition dans plusieurs régions du pays. La température baisse et l'utilisation des appareils de chauffage augmente. C'est mécanique. Le problème est que chaque année, ces appareils peuvent être mortels. Par le monoxyde de carbone qu'ils dégagent. Incolore, inodore il tue généralement, par asphyxie, les gens dans leur sommeil. Selon les chiffres de la Protection civile, les appareils de chauffage ont causé la mort à 230 personnes et 1700 autres n'ont eu la vie sauve que grâce à leur rapide hospitalisation. Les cyniques pourront dire que c'est peu pour une population de 40 millions de personnes. Sauf que c'est tout de même 2000 victimes d'accidents qui auraient pu être évités par une prévention pas trop compliquée. Il y a les mauvaises installations de ces appareils. Un simple agrément des installateurs de l'institution comme Sonelgaz devrait suffire. Encore faut-il que leurs listes soient bien mises en évidence et publiées par région. Avec, pourquoi pas, une sensibilisation continue à l'adresse des citoyens des dangers auxquels ils s'exposent et exposent leurs proches, en cas de négligence. Il y a également les dégâts occasionnés par les appareils contrefaits. Et c'est là notre sujet. La contrefaçon, chez nous, est très répandue et touche divers secteurs tous aussi sensibles les uns comme les autres. Il y a les pièces détachées pour les véhicules quand ce n'est pas le véhicule lui-même. Il y a les cosmétiques qui exposent à de graves maladies. Sans faire tout le tour, contentons-nous cette fois des appareils de chauffage puisque c'est la saison. En 2013, le ministère du Commerce nous avait appris que ses services avaient bloqué l'introduction sur le marché national de plus de 40.000 appareils de chauffage. Ce qui, soit-dit en passant, n'a pas empêché les victimes citées plus haut d'être intoxiquées. Mais là n'est pas tout à fait le problème. Il est dans cette curieuse manière des services du ministère du Commerce de communiquer. Ils pèsent les radiateurs. Un responsable de ce ministère nous apprend que depuis le début de cette année «421,470 tonnes de radiateurs à gaz ne répondant pas aux normes ont été interdits à la vente dans la wilaya d'Alger». Il aurait pu nous les donner en M3, voire même en hectares. Autant les radiateurs peuvent être pesés autant ils prennent du volume et de la surface. C'est quoi cette façon de présenter les choses' Est-ce de l'intelligence supérieure que nous n'avons pas et qui consiste à faire soi-même la conversion en unités' Déjà qu'en disant seulement «appareils» on ne distingue pas les radiateurs à gaz naturel de ceux à butane ni les chauffe-bains. Si ce responsable ne voit pas la nécessité d'une telle précision nous devrions, QI oblige, nous incliner. Un quotient intellectuel suffisant, tout de même, pour comprendre que s'il a fait cette déclaration sans que personne ne lui a rien demandé, c'est tout simplement les prévisions météorologiques qui l'y ont poussé. La neige égale froid égale chauffage égale accidents domestiques alors autant dire, avant la fin de l'équation, qu'il fait le travail pour lequel il est payé. C'est la triste caricature de nos bureaucrates. Le ministre, Amara Benyounes, qui a la réputation d'avoir l'esprit plus carré, devrait veiller à interdire à ses collaborateurs de se donner en spectacle. Il s'agit de vies humaines et de l'économie nationale. A ne pas confier à des responsables qui ne font pas la différence entre les litres et les kilos. Et qui ne s'en cachent pas surtout. Ils le font publiquement via les médias. On a longuement hésité avant de traiter ce sujet. Pris entre l'amplification des imperfections de notre administration et la participation à y mettre fin. La deuxième motivation, plus positive, l'a emporté!




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