Le comité de soutien aux greffiers, en grève de la faim depuis plus d'un mois, dénonce avec force l'«absence totale de retenue» chez les agents de l'ordre, lors des derniers rassemblements des travailleurs du secteur de la justice en signe de solidarité avec leurs collègues. «Nous nous élevons énergiquement contre la maltraitance physique à l'encontre des protestataires venus pacifiquement interpeller leur tutelle qui leur tourne le dos, ferme les yeux et fait la sourde oreille sur les appels de détresse des travailleuses et des travailleurs en grève de la faim depuis 31 jours», a déclaré Yamina Maghraoui, porte-parole du comité de soutien aux greffiers, lors d'un énième rassemblement, hier, à la Maison de la presse Tahar-Djaout. Pour éviter d'être embarqués par les policiers, les protestataires ont enroulé leurs corps de cordes, tout en s'arrangeant pour se lier les uns aux autres. Un subterfuge qui leur a bien réussi, puisque les agents de l'ordre n'ont rien pu faire. La veille, et pour interpeller la tutelle, les travailleurs du secteur de la justice, sous mesure conservatoire, ont occupé la placette du ministère pendant une heure, assis à même le sol et brandissant des mots d'ordre demandant l'ouverture du dialogue avec les grévistes, qui entament leur 32e jour de grève de la faim, et la levée des mesures arbitraires à l'encontre des 46 travailleurs. «Mais, comme d'habitude, les policiers sont intervenus pour les disperser. Devant la résistance et le refus des protestataires déterminés à aller jusqu'au bout, les policiers ont usé de violence, au départ verbale, en utilisant un langage très vulgaire, et insulté les protestataires», rapporte-t-elle, avant de poursuivre : «Pour en finir rapidement, les policiers, en très grand nombre et avec une violence physique, ont traîné les protestataires sur le sol sur plusieurs mètres au point de les écorcher et les blesser et, ensuite, les ont embarqués pour les conduire vers le commissariat d'El Biar où ils sont encore retenus.» Pour rappel, le ministère de la Justice a observé depuis le déclenchement de la grève des greffiers et corps communs du secteur, le 10 avril dernier, un silence radio qui en dit long sur sa volonté d'assainir cette situation qui a même suscité l'inquiétude du corps des avocats. La nomination de Tayeb Belaïz à la tête du Conseil constitutionnel et son remplacement à titre intérimaire par Ahmed Noui, secrétaire général du Gouvernement, a fait croire à un début de dénouement, en raison des «inimitiés» que se vouaient mutuellement les grévistes et le désormais ex-ministre de la Justice. Début mai, une Coordination nationale de solidarité avec les grévistes a organisé un rassemblement, à Alger, ayant fédéré de nombreux acteurs de la société civile, dont les principaux syndicats affiliés au Snapap. Lancé le 10 avril dernier, le débrayage des greffiers et corps communs du secteur de la justice est intervenu après la «sourde oreille» de la tutelle devant leurs revendications. Les grévistes revendiquent, essentiellement, leur intégration dans le secteur de la justice au même titre que le corps des magistrats, pour ne plus dépendre de la Fonction publique, la révision de leur statut particulier et réitèrent leur droit au logement de fonction. Après avoir paralysé l'ensemble des cours et tribunaux du pays, la majorité des grévistes ont, par la suite, dû rejoindre leurs postes de travail «après avoir fait l'objet d'iniques pressions et chantages», selon M. Ghedia porte-parole du syndicat des greffiers. Une quarantaine de travailleurs ont été radiés en raison de leur refus de rejoindre leurs postes. Le Snapap compte saisir par écrit le Bureau international du travail (BIT) sur les cas des fonctionnaires radiés après en avoir fait le décompte final.
Y. D.
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Posté Le : 06/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Younès Djama
Source : www.latribune-online.com