Algérie

Le Comité d'association se réunit le 16 décembre: Tout va bien entre Alger et l'UE



Le Comité d'association Algérie-Union européenne se réunira le 16 décembre prochain, à Bruxelles, après une première réunion qu'il a tenue en 2008.
«Je peux vous dire avec satisfaction que nos relations bilatérales prennent une nouvelle dynamique et que dans ce cadre, on assiste à la multiplication de visites à haut niveau de responsables européens en Algérie», a déclaré, hier, la chef de la délégation de la Commission européenne à Alger à de nombreux journalistes algériens qu'elle a conviés à un déjeuner, comme elle l'a déjà fait au mois de décembre dernier pour, a-t-elle dit, «faire un petit bilan de nos activités et les commenter avec vous». Laura Baeza s'estime «réjouie tout particulièrement de ce renforcement de nos relations bilatérales et j'espère que lors du Comité d'association, qui se tiendra le 16 décembre prochain à Bruxelles, nos relations se renforceront encore plus». A l'ordre du jour de cette 2 e réunion, les réformes politiques et économiques en Algérie, les bouleversements politiques dans les pays arabes et la situation sécuritaire dans la région du Sahel.
Sur le plan économique, la diplomate européenne indique que «la mise en 'uvre de l'accord d'association se déroule normalement et nos projets de coopération avancent à un bon rythme». Pour la période 2011-2013, le programme de coopération bénéficie d'un budget de 172 millions d'euros (17,2 milliards de dinars) et concerne des domaines variés tels que l'agriculture (pêche et aquaculture), la protection de l'environnement, la lutte contre la pauvreté ou encore la préservation du patrimoine historique et artistique. Baeza rappelle que le programme d'action annuel 2011 est doté d'un montant de 58 millions d'euros (près de 6 millions DA) pour la réalisation de trois grands projets, à savoir le programme d'appui à la protection et à la valorisation du patrimoine culturel et artistique (21,5 millions d'euros), un second d'appui au secteur des transports (13 millions d'euros) et le troisième à la jeunesse et l'emploi (23,5 millions d'euros). La délégation européenne compte renforcer et maintenir le rythme de ses activités culturelles en Algérie en organisant une nouvelle rencontre d'écrivains européens et algériens, à la fin de janvier prochain, et compte publier dans les prochaines semaines un livre d'art avec des photographies de «regards croisés».
Avant la réunion du Comité d'association, Algériens et Européens se rencontreront demain (le 9 décembre) pour discuter énergie et examiner ensemble, entre autres, le projet Desertec et probablement le dossier du nucléaire (civil).
«LES ENTREPRISES EUROPEENNES RENCONTRENT BEAUCOUP DE BLOCAGES EN ALGERIE»
Cette rencontre coïncide avec l'annonce faite, avant-hier, à Doha par le ministre de l'Energie de la révision de la loi sur les hydrocarbures. Annonce qui suscite, d'ores et déjà, de grands questionnements sur les nouvelles possibilités d'investissements et de partenariat que l'Algérie compte octroyer aux étrangers en ces temps où les économies occidentales battent de l'aile. Les Européens lâchent d'ailleurs, sans ambages, que leurs entreprises rencontrent beaucoup de blocages en Algérie «en raison d'une mentalité de gestion datant des années 70». Pour les diplomates européens, il est difficile de convaincre les entreprises étrangères de venir investir en Algérie «parce qu'elles butent, entre autres, contre les difficultés de rapatriement des bénéfices, difficultés imposées par des lois et règlements totalement dépassés». Ceci étant dit, ils se refusent à tout commentaire sur les réformes politiques lancées par le président de la République parce que, estiment-ils, «le gouvernement algérien nous dit vous voyez que le Parlement les examinent, donc il y a démocratie». Mais on se dit «on attend de voir». Ils glissent, cependant, à ceux qui veulent bien les entendre que «certaines dispositions de la loi sur les associations nous inquiètent beaucoup». Ils prennent en exemple l'interdiction absolue aux associations de recevoir des fonds de l'étranger. «C'est une aberration, chez nous c'est permis et ça ne pose aucun problème d'aucun ordre qu'il soit», expliquent-ils.
«CE SONT LES ISLAMISTES QUI ONT CHANGE, PAS NOUS»
Sur le plan sécuritaire, les diplomates européens soulignent «l'importance et le sérieux» de la coopération avec l'Algérie notamment dans la région du Sahel. Ils affirment avoir mené de grandes discussions sur ce sujet avec les autorités algériennes. «L'Algérie accepte notre coopération mais pose un certain nombre de conditions», disent-ils. Ils s'abstiendront de faire état de ces conditions.
Laura Baeza a tenu, hier, à rappeler «les réponses de l'UE au printemps arabe» dans le cadre de ce qu'elle a qualifié de stratégie nouvelle à l'égard d'un voisinage en mutation. Une démarche qui, dit-elle, se définit dans la communication commune du Service européen d'action extérieur (SEAE) et de la commission intitulée «Partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud de la méditerranée». Elle prend en compte, selon elle, «les exigences exprimées par les populations du printemps arabe» et «constitue un véritable saut qualitatif dans les relations de l'UE avec ses voisins du Sud. Des voisins qui demandent, entre autres, toujours selon Baeza, «un soutien ciblé à la mutation démocratique et au renforcement des institutions, un partenariat étroit avec la population, notamment un soutien à la société civile et, enfin, un appui à la croissance économique et au développement par la création d'emploi et par un soutien aux PME». Elle notera ainsi les montants des ressources financières qui ont été débloquées «en urgence soit sous forme d'aides d'urgence alimentaire (153 millions d'euros) notamment pour les réfugiés qui fuyaient la Libye en guerre, soit sous forme de soutien supplémentaire comme pour la Tunisie qui a vu son enveloppe annuelle passer de 80 à 140 millions d'euros (une augmentation de 60%)». La diplomate européenne fait part aussi dans ce même cadre «d'une révision de la politique de voisinage qui prend en compte les événements qui ont affecté les Etats partenaires du Sud». Révision que les Européens «veulent comme une réponse adaptée à l'évolution rapide des pays du voisinage et à leurs besoins de réformes». Ils ont débloqué à cet effet 7 millions d'euros en plus «des contributions de la BEI et de la BERD». Le texte portant la révision en question note que «le renforcement du soutien de l'UE à ses voisins sera conditionné notamment par les progrès qu'ils auront accomplis en ce qui concerne l'établissement et la consolidation de la démocratie ainsi que le respect de l'Etat de droit». Interrogée sur ce que l'UE pense de l'arrivée des islamistes au pouvoir, Baeza répond «les islamistes affirment respecter les règles de la démocratie, alors ce sont eux qui ont changé pas nous».


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