Algérie

Le combat pour les causes justes



Le combat pour les causes justes
Le Droit mène à tout, à condition que l’on sache bien s’en servir, c'est-à-dire faire triompher avec, la justice, être toujours du côté des causes justes, militer pour le triomphe de l’équité, des  valeurs du droit. Ne pas l’être  c’est s’inscrire en porte-faux par rapport  au bon sens, à ce que recommande, plutôt dicte,  la raison tout simplement. C’est l’image que nous renvoie le Dr Oussedik, ce jeune juriste algérien  au parcours riche, qui commence des bancs de la faculté de droit d’Alger,  du barreau, de par le profil, à un travail sur le terrain au service  des questions humanitaires. Le Dr Fawzi Oussedik, ancien recteur de l’université de Blida est  aujourd’hui  conseiller dans des institutions internationales qui s’occupent du droit humanitaire. Et comment lui qui fait partie de cette famille qui s’est vouée à la cause du barreau, avec la défense du FLN en France. Outre ces hauts «faits d’armes», ce constitutionaliste, qui a des ouvrages traitant du droit constitutionnel est un infatigable, il n’a pas sombré dans l’oisiveté intellectuelle puisque, outre ses actions pour la vulgarisation du droit humanitaire, ses  actions caritatives au profit des populations déshéritées, dans les zones en  conflit de par le monde, au Soudan, en Afrique, il contribue avec un autre juriste à la rédaction de  la constitution du Qatar, un pays où il réside actuellement. C’est un plus dans un CV non moins riche pour un homme qui garde encore intactes les ressources et la force de  la jeunesse.  Monsieur Fawzi Oussedik on vous présente comme un spécialiste du droit humanitaire, quelles sont d’abord ses origines 'Il faut d’abord souligner une chose, le thème est lié à un personnage, M. Henri  Dunant, un Suisse qui a vécu en Algérie. Il avait créé ce qu’on appelle la Croix Rouge internationale. Dunant était  spectateur de la bataille de Solferino, il créa la Croix Rouge Internationale, le premier mouvement international d’aide et d’assistance aux victimes, en prodiguant indifféremment des secours aux soldats des deux  camps. Cet homme  dont les moulins situés à Sétif, sont toujours intacts, a été le contemporain de l’Emir Abdelkader, connu pour les mêmes idéaux et qui s’est illustré par la défense  des communautés chrétiennes au Moyen-Orient. Inutile de vous dire que,  quand il s’agit d’un arabe ou d’un musulman, l’Histoire ne retiendra pas son mérite. On fait tout pour en attribuer la paternité de ce genre d’initiative à d’autres …Mais son contenu est souvent dévoyé pour servir des intérêts stricts….Le droit humanitaire est une bonne chose, encore faut-il qu’il obéisse à des critères stricts. Le concept doit bien être appréhendé, clarifié, délimité car son instrumentalisation peut servir des visées néo-colonialistes. C’est comme une main de fer dans un gant de velours. L’idée peut être phagocytée par trois éléments. Il y a pour commencer une ambivalence du concept. Prenons l’exemple de Ghaza où des familles entières, femmes, vieillards et enfants sont entrain de subir les affres d’un blocus injuste. Il suffit de revenir, seulement  aux dispositions de la charte de l’ONU pour savoir que c’est illégal. Les articles 6 et 7  condamnent ces pratiques hors la loi. Mais  force est de constater que ces dispositions ne sont pas appliquées par la communauté internationale. Le drame c’est que la mort du chien du président américain récemment a suscité plus de compassion que celles des milliers d’enfants palestiniens. Il y a donc ni plus ni moins une situation équivoque et un double langage de la part de cette communauté  vis-à-vis de ces événements.Ne pensez–vous pas que les valeurs humanitaires sont politisées ' Le deuxième aspect qu’il faut déplorer, c’est la politisation des valeurs humanitaires qui a pris son essor avec la naissance du «Kouchnérisme», allusion au ministre français qui a développé l’idée de l’ingérence pour des motifs humanitaires lors de la guerre de Bosnie). C’est une dérive regrettable qui a été  poussée par des  considérations géostratégiques et des coalitions d’intérêts. Les exemples sont là, La Bosnie, le Soudan, le Darfour. Au sud du Soudan, il y avait une ONG  dite «Arche de Zoé» qui avait commis un véritable enlèvement d’enfants innocents. Si on devait appliquer les règles de droit humanitaire international, les dispositions de la Cour pénale internationale, c’est une violation flagrante de ces principes. Malheureusement, il y a dans cette équation un élément faible (le pays arabe, musulman, africain)  et le droit humanitaire est forcément élagué.Vous faites allusion à la politique du deux poids deux mesures …. Oui. Et un autre exemple de ce deux poids -deux mesures, l’acte de piraterie commis par Israël contre la caravane de la liberté, un mouvement de solidarité internationale avec les populations de Ghaza  vivant sous le blocus. L’agression s’est déroulée dans les eaux internationales, un espace qui n’est ni sous la juridiction israélienne  ni palestinienne. Au regard du droit maritime c’est un acte de piraterie et de brigandage qui plus est, a été commis par un Etat. Mais encore une fois, c’est la politisation des valeurs humanitaires qui prend le dessus.Troisième observation, le cas de l’Algérie, il y a comme une vérité absolue et une vérité «gênante» avec ces millions de mines qui continuent à faire des carnages parmi les populations, ces essais nucléaires dont on veut  taire les ravages criminels. Le moins que l’on puisse dire, si l’on tente d’appliquer les principes du droit humanitaire  est que ces événements impliquent pour la France, d’abord une repentance, ensuite des dédommagements pour les dégâts subis. Ce sont des logiques d’intérêts stricts qui politisent à outrance le contenu du droit humanitaire et grippent l’application du dispositif reconnu par les institutions internationales.Il y a un constat qu’il faut admettre, le camp occidental est plus rapide et efficace dans sa mobilisation lorsqu’il s’agit de condamner un pays arabe, un pays musulman, ce qui n’est pas le cas chez nous…Il n’y a pas, c’est vrai, d’élite bien mobilisée chez nous, on le voit avec la mise en œuvre du droit humanitaire. Les spécialistes se comptent sur les doigts d’une seule main. De plus, ils sont tous issus uniquement des pays du Maghreb. On peut citer, pour l’Algérie, M. Bédjaoui, qui est très connu, M. Zidane Meribout, un autre Algérien, M. Zemali de Tunisie, ce qui explique cette difficulté de propager les principes et  idéaux relatifs au droit humanitaire. C’est une lacune  qu’il faut combler sinon, le vide risque d’être exploité par l’autre qui peut ainsi faire valoir ses propres visions qui sont, des fois, erronées …Pourtant, des fois, on réussit quand même à attirer cet «autre» vers nous pour créer des élans de sympathie vraiment forts.Les européens savent que notre discours est marqué par des considérations sentimentalistes. Il n’est pas cartésien, scientifique. De plus, c’est pas tout le temps que ça marche,  il y a des lignes rouges, à ne pas franchir, des intérêts dictés soit par des considérations idéologiques ou économiques. Cela se fait au détriment des valeurs humanitaires car la plupart du temps, c’est le politique qui prime.Après les événements du 11 septembre, la situation devient plus compliquée encore 'Il y a une maldonne pour le monde arabe et le monde musulman. Pour l’occident,  on est au banc des accusés  de Djakarta à Tanger. On aurait pu faire preuve de plus de discernement en mettant en cause, par exemple, un groupuscule seulement derrière ces événements et tout le reste.C’est une erreur monumentale qui n’est pas liée à une erreur de perception mais à la pression et au lobbying de certains groupes d’intérêts. La mainmise sur les moyens d’information explique plusieurs dérives, la manipulation, plus particulièrement dans le domaine du droit humanitaire. On se rappelle comment, on a pu, dans le cas du Rwanda favoriser la transformation d’un problème humanitaire en génocide. Une radio a pu attiser la haine entre deux communautés, ce qui a déchoué sur un véritable ethnocide.


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