Fer de lance de la révolution du 22 février, les étudiants sont à nouveau au rendez-vous avec l'histoire.Des milliers d'étudiants ont battu le pavé dans le pays, hier 19 mai, pour célébrer, à leur manière, c'est-à-dire par une action de rue, la Journée nationale de l'étudiant. "19 Mai 1956-19 mai 2019 : le combat continue pour une Algérie libre et démocratique", "19 Mai 1956 système colonial dégage,19 mai 2019 système mafieux dégage", "Les étudiants de 1956 sont une fierté et un repère pour les étudiants de 2019. Notre cause est différente, mais le but est le même : l'indépendance et la liberté". Voilà en gros les slogans mis en avant par les étudiants d'aujourd'hui, revendiquant fièrement leur filiation avec leurs aînés de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) qui, il y a 63 ans, avaient décidé de déserter les bancs des universités et des lycées pour être en phase avec le peuple en lutte pour son indépendance. "Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres !", avaient-ils écrit dans leur appel à la grève générale. Un engagement qui a valu à nombre d'entre eux le sacrifice suprême, mais qui leur a ouvert grandes les portes de l'histoire. Comme leurs prédécesseurs, les étudiants d'aujourd'hui, portés par la même hargne et la même flamme patriotique, ont préféré l'inconfort et autres inconvénients de la lutte à la tranquillité de la vie estudiantine dans les campus universitaires. Plutôt que de se complaire dans l'indifférence et dans la démission au risque d'être condamnés par l'histoire, ils ont choisi le camp du peuple, comme l'avaient fait les Taleb Abderrahmane, Mohamed Benyahia, Belaïd Abdeslam et autres, il y a plus d'un demi-siècle.
Certes, les moyens de lutte ne sont plus les mêmes. Hier, des étudiants avaient pris le maquis et combattu, les armes à la main, la soldatesque coloniale au péril de leur vie. Aujourd'hui, les étudiants s'investissent plutôt dans une lutte pacifique en organisant tous les mardis, et ce, depuis le 22 février, des marches pacifiques partout dans le pays, avec pour seules armes des chants et des slogans scandés à tue-tête. Aux policiers qui les chargent parfois ou les arrosent de gaz lacrymogène, ils n'opposent jamais la force, mais juste des mots d'ordre du genre "Police et peuple, des frères" ou encore "Quelle honte, le policier est devenu heggar (injuste, ndlr)", quand ils ne leur offrent pas des fleurs, carrément. Il reste que le but des fondateurs de l'Ugema est quasiment le même que celui des étudiants 2.0. Les premiers aspiraient à libérer le pays du joug colonial et à lui assurer une place parmi les nations libres. Ils voulaient abattre le système colonial avec sa cohorte d'injustices, de brimades et de privations pour rendre au peuple algérien sa dignité et sa fierté. Les seconds veulent "dégager'' un système qui a privé les Algériens de tout ou presque : libertés, droits, une vie digne, etc. Ils en veulent à la "bande'', c'est-à-dire les principales figures du système et la poignée de privilégiés, d'avoir éhontément pillé richesses et histoire, et ruiné un pays qui a tout pour prétendre à une place dans le monde développé. En un mot, ils aspirent à bâtir une démocratie et un Etat civil pour le bien de tous. C'est-à-dire réaliser le rêve des artisans de Novembre 54.
Arab CHIH
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Posté Le : 20/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Arab Chih
Source : www.liberte-algerie.com