Algérie - Affaires judiciaires

Le combat d'un père Ramdane Ouatiki attaque l'Etat Français pour «crime contre l'humanité»



Le combat d'un père                                    Ramdane Ouatiki attaque l'Etat Français pour «crime contre l'humanité»
Un septuagénaire algérien accuse la justice française de «crime contre l'humanité». Ramdane Ouatiki crie sur tous les toits que la France l'a privé d'un droit universel, presque biologique : celui de la paternité. «Mes enfants sont pris en otage par la justice française depuis 1994», dénonce l'homme dont le regard témoigne d'une longue lutte acharnée. Fatigué mais jamais résigné, Ramdane mène son combat au nom de tous les pères et des «musulmans qui souffrent de clichés et étiquettes qui influent même sur les décisions de justice dans le pays des droits de l'Homme», insiste-t-il. Car pour lui, son calvaire est dû essentiellement à un déni de différence
culturelle. L'affaire Ouatiki commence par un voyage pendant les vacances scolaires de l'année fatidique 1994. Après vingt ans de mariage, le père de famille accompagne son ex-épouse et ses quatre enfants, Karim, Nadjet, Soraya et Sabrina pour rendre visite à la belle famille installée en France. «A la gare de Lille, sans aucune raison, ma femme me jette les clés et mon passeport par terre et me dit : notre parcours s'arrête là», se remémore-t-il. «C'était prémédité, une bombe à retardement. Surpris, je ne savais plus quoi faire. Certains me disent que j'aurais du faire ceci ou cela, mais j'étais pétrifié», se désole-t-il. Deux mois plus tard, son ex-femme appelle une voisine à Gué de Constantine (Alger) pour demander le divorce et la garde des enfants. «Je me suis rendu alors chez ma belle famille en France avec des gens sages et des imams pour essayer d'arranger les choses, on m'a viré», assure le septuagénaire. Il entreprit alors, toujours en 1994, des procédures judiciaires auprès du tribunal d'Hussein Dey, où une décision de réintégration du domicile conjugal est prononcée à l'encontre de l'ex-épouse. «Malgré les conventions signées entre les deux pays (Algérie-France), ce jugement n'est pas pris en considération», dénonce-t-il. En 2000, le tribunal de grande instance de Perpignan (France) accorde le divorce à l'avantage de la mère et limite le droit de visite du père à un «demi-dimanche par trimestre», jusqu'en 2010. «Elle (son ex-épouse) leur a menti (à la justice française) et ils l'on cru. Elle a dit que j'étais un père violent, que je la battais et que j'étais un intégriste. Ça les arrangeait bien selon leurs clichés du musulman et de l'Algérien. Sans avoir poussé leur enquête jusqu'en Algérie pour savoir qui j'étais réellement, ils ont décidé que j'étais nocif pour mes enfants», fulmine-t-il. Depuis, Ramdane n'a jamais baissé les bras. Ce père, dont l'amour paternel n'est pas moindre que celui d'une mère et qui ne s'est jamais remarié, passe l'essentiel de son temps en France et dans les pays limitrophes pour crier à l'injustice. Il a frappé à toutes les portes, écrit au Président Chirac puis à Sarkozy, plaidé sa cause auprès des instances internationales jusqu'à la Commission européenne, contacté une kyrielle de personnalités des mondes de la culture, de religion et des médias. Sa hargne il l'a transportée avec lui, mobilisant des acteurs de la société civile. Sans relâche, pendant plus de 18 ans, ce père meurtri dans sa chair dénoncera «la prise d'otage de (ses) enfants par l'Etat français». Il intentera une action contre l'Etat français et sera débouté par la justice française, le tribunal de grande instance de Dunkerque, le 16 mars 2006 considérant que l'Etat n'a pas commis de faute dans la gestion de son affaire. «Jamais je n'abandonnerai. La France m'a privé de mes enfants. Elle a gâché leur scolarité. Je voulais que mes enfants reçoivent une éducation dans leur langue maternelle, selon nos principes et nos valeurs. Quand ils étudiaient en Algérie, ils avaient de bons résultats et des objectifs nobles. Les événements les ont perturbés y compris dans leur scolarité. J'en veux à ceux qui les ont dénaturés», regrette Ramdane les yeux embués. Et maintenant que les enfants sont devenus des adultes ! «Ils sont toujours otages de la France. Ils sont otages d'une culture et d'une éducation sans amour paternel», explique-t-il en annonçant qu'il attaque une troisième fois (après les actions entreprises en 2005 et 2011) l'Etat français. «Il faut qu'ils reconnaissent qu'ils ont gâché ma vie et celle de mes enfants. Ils ont laissé traîner les choses. Quels crimes avons-nous commis pour endurer cela ' Celui d'être Algériens et musulmans '!» Pour mener encore cette bataille, Ramdane Ouatiki, retraité de l'Office national algérien du tourisme (Onat), usé «mais pas lassé» par le poids des ans et les déboires financiers, fait appel aux avocats pour porter sa cause. «J'ai besoin d'un avocat pour continuer le combat. Je n'arrêterai que lorsque la France reconnaîtra son erreur. J'irai vers la commission des droits de l'Homme et devant le Parlement européen», conclut-il acharné.
S. A.


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