Les Etats-Unis cherchent à sauver les meubles après le carnage accompli
par leurs protégés israéliens. Ils considèrent l'embargo sur Ghaza comme
«intenable». Les militants ne baissent pas les bras.
Rachel Corrie est revenu hanter
ses assassins. Le cargo humanitaire irlandais, qui porte le nom de la militante
pacifiste américaine délibérément écrasée par un bulldozer de l'armée
israélienne en 2003, a été arraisonné en haute mer. Les soldats israéliens se
sont abstenus de tirer sur les passagers du cargo et ils tentent, dans une
stratégie de communication dérisoire, de «démontrer» que les meurtres de
sang-froid qu'ils ont commis contre la flottille de la paix étaient une réponse
justifiée. La propagande israélienne, malgré le soutien de l'armada médiatique
occidentale, est totalement sans effet. Le Rachel-Corrie, qui transportait des
militants irlandais et autres, a ainsi maintenu l'attention mondiale sur le
blocus inique imposé par Israël, avec le soutien du Quartet, dans lequel l'ONU
fait honteusement partie, à la population de Ghaza. «C'est un nouvel acte
impudent de piraterie israélienne en haute mer», a commenté à Dublin Kevin
Squires, coordonnateur national de la Campagne de solidarité Irlande-Palestine,
dont l'un des membres se trouvait à bord du bateau. Si Israël a fait preuve de
«retenue» dans l'abordage du Rachel-Corrie, c'est pour des desseins de
propagande, l'opinion mondiale étant désormais édifiée – et horrifiée – par les
témoignages de ceux qui étaient dans la flottille. Le rapport de l'autopsie
effectuée, à la demande du ministère de la Justice turc, sur les corps de 9
martyrs par Yalcin Buyuk, le vice-président du Conseil turc de médecine légale,
est édifiant.
De sang-froid
Trente balles ont été tirées sur les victimes et plusieurs d'entre elles
ont été abattues à bout portant. De sang-froid. Un homme de 60 ans a été
atteint à la tempe, la poitrine, la hanche et au dos, un ressortissant
turco-américain a été touché par cinq balles tirées à bout portant contre le
visage, l'arrière du crâne, le dos et deux fois la jambe. Deux autres victimes
ont essuyé quatre balles et cinq des corps présentaient des impacts dans le dos
ou l'arrière de la tête. D'autres témoignages sont venus donner une image
claire du comportement d'un Etat voyou. Les Etats-Unis, qui n'ont pas condamné
l'acte de piraterie – Obama est resté équivoque tandis que son vice-président,
Joe Bidden a soutenu clairement Israël –, cherchent surtout à limiter les
dégâts. La Turquie, dont l'ambassadeur à Washington, s'est dit qu'il n'y ait
«pas un mot de condamnation, à aucun niveau» de la part des Etats-Unis, est en
train de passer à la pointe du combat pour la levée du blocus de Ghaza. L'autre
dégât est arabe. Les «modérés» n'ont plus de voix pour défendre une démarche
qui s'en remet totalement aux Américains et qui participe de fait au blocus
contre Ghaza. La décision égyptienne d'ouvrir le passage de Rafah est un signe
qui ne trompe pas. Des appels de plus en plus puissants se font pour que cette
réouverture soit définitive. La Ligue arabe, qui a décidé de faire lever le
blocus par tous les moyens, est critiquée par le fait qu'elle recherche une
décision internationale alors qu'elle a les moyens d'agir et de soutenir éventuellement
l'Egypte en cas de mesure de rétorsion américaine. De facto, le «contrôle»
américain sur les Etats de la région est perturbé par les actions brutales
d'Israël et la mobilisation des opinions publiques qui mettent les régimes
«amis» dans l'embarras. Washington semble vouloir prendre les devants avant
qu'une autre flottille de la liberté - plus importante en nombre puisque les
volontaires se comptent déjà par milliers dans le monde – ne vienne mettre à
rude épreuve ce statu quo mortel imposé aux Palestiniens de Ghaza et
d'ailleurs.
«Intenable»
La Maison-Blanche a estimé vendredi que le blocus israélien de Ghaza
était «intenable» et devait être «changé». Mike Hammer, porte-parole du Conseil
de sécurité nationale de la Maison-Blanche, a estimé que les «dispositions
actuelles sont intenables et doivent être changées». «Nous travaillons dans
l'urgence avec Israël, l'Autorité palestinienne et d'autres partenaires
internationaux pour concevoir de nouveaux modes d'acheminement de marchandises
et d'assistance à Gaza», a-t-il indiqué. Navi Pillay, Haut Commissaire des
Nations unies aux droits de l'homme, a dénoncé l'illégalité du blocus. «Le
droit humanitaire international interdit comme méthode de guerre d'affamer les
civils (...), tout comme de leur imposer des sanctions collectives», a-t-elle
dit. Les militants du monde entier qui se sont battus pour la levée d'un blocus
scandaleux ne vont pas baisser les bras.
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Posté Le : 06/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com