Algérie

Le colonel Moustache



Un policier tue un policier. Ou un colonel tue un colonel, puisque les deux sont colonels. Ou encore un employé tue son patron. Ou, la dernière, bagarre dans un commissariat : un mort et demi. C'est en ces termes ou dans d'autres que l'information pourrait être synthétisée tant l'événement est rarissime et a surpris tout le monde, y compris le ministère de l'Intérieur. Son communiqué officiel invoque d'ailleurs une crise de démence d'un cadre pris de folie. Ce qui n'explique pas grand-chose puisque tout le monde est déjà fou depuis longtemps.Ce qui n'explique pas non plus cette crise de démence puisque le pays est en crise depuis trop longtemps sans pour autant s'être suicidé. Seul fait, l'homme aux 1000 barrages a été tué et triste ironie du sort, celui qui avait juré qu'il n'y aurait plus d'attentat à Alger en a reçu un chez lui, dans son bureau, sous la forme d'un collègue. La commission d'enquête qui va suivre n'expliquera pas grand-chose mais s'attachera à la personnalité de ce policier à moustaches au nom si étrange, le colonel Oultache, qui après avoir tué le patron de la police, a tenté de se suicider sans y parvenir, ce qui renseigne sur son manque d'efficacité, elle-même peut-être liée à sa suspension, celle-là même qui a conduit au drame.Le grand dommage n'est pourtant pas là, il est dans l'image du pays à l'extérieur, après le scandale Sonatrach où l'Algérie a été assimilée à un gigantesque self-service où chacun se sert comme il peut. L'Algérie donne maintenant l'image d'une terre de gangsters où des hauts fonctionnaires de la police règlent leurs comptes à coups de revolver de fonction. Pour les Algériens, la nouvelle a été transmise jeudi matin et a rapidement fait le tour d'Alger avec une inquiétude en filigrane. Pourquoi ' Inconsciemment, les Algériens ont dû faire ce calcul : si le patron de la sécurité n'est pas en sécurité, qui l'est '


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