Algérie

Le colonel Khaled placé sous contrôle judiciaire




Le juge d’instruction du pôle spécialisé près la cour d’Alger a inculpé et placé sous contrôle judiciaire deux nouveaux mis en cause. Le premier a fait couler beaucoup d’encre. Il s’agit de l’ex-conseiller du ministre de la Justice, M’hamed Ouazine, colonel du  Département de renseignement et de sécurité (DRS), connu sous le pseudonyme de «Khaled» et dont le nom a été largement cité lors de l’enquête préliminaire menée par ses anciens collègues en septembre 2009. Il devait être présenté au parquet d’Alger au même titre que les sept personnes impliquées, mais son nom a été retiré de la liste, nous avait-on déclaré à l’époque, pour être déféré devant le tribunal militaire, sans pour autant être omis par les nombreux prévenus qui l’ont mis en cause, notamment son ami de longue date, Mejdoub Chani (en détention provisoire), cet Algérien installé au Luxembourg, très introduit dans le milieu des affaires.
En 2007, l’entreprise chinoise Citic-Crcc peinait à recouvrer ses factures d’un montant de 400 millions de dollars, auprès du ministère des Travaux publics. Celui qui était chargé de régler ce genre de contentieux ne rentre plus en Algérie, à cause de ses démêlés avec la justice. Et c’est Chani qu’il sollicite pour le remplacer, en contrepartie de commissions. Pour avoir des entrées au département de Amar Ghoul, il fait appel au colonel Khaled, l’homme fort du ministère de la Justice, du fait de son grade et du poste de conseiller de Tayeb Belaïz qu’il occupe. Les deux hommes se sont connus lorsque l’affaire du Fonds algéro-koweïtien d’investissement (FAKI) – dans laquelle était impliqué Chani – était en jugement au tribunal de Bir Mourad Raïs. Après la condamnation de Chani, l’officier demande à ce dernier d’introduire un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême, où il s’engage à intervenir en sa faveur.
Depuis, les liens entre eux se sont renforcés. Chani se propose même d’acheter la villa du colonel sise à Aïn Turk, à Oran, à plus de 20 millions de dinars (pour en acheter une autre à Es Senia), qu’il offre par la suite à cheb Khaled. En plus de cette transaction, Chani affirme avoir remis à l’officier, à sa demande, la somme de 17 millions de dinars, pour terminer le paiement d’une autre villa sise à Birkhadem ; en échange, il lui cède un appartement en construction dans une résidence à Staouéli. Toutefois, cet échange n’a pu être concrétisé, du fait du retard enregistré dans l’établissement des actes de propriété. Entre 2008 et 2009, Chani affirme avoir remis au colonel plus de 26 millions de dinars en espèces, sans compter la prise en charge de plusieurs voyages en Espagne. Une générosité que l’homme d’affaires explique comme étant la contrepartie des nombreux services que le colonel lui a rendus. Il cite, entre autres, les mises en contact avec les responsables et la restitution de plus d’une dizaine de passeports de ressortissants chinois bloqués par les autorités, pour des raisons qu’il dit ne pas connaître.
Convoqué et entendu en tant que témoin, avant d’être inculpé pour «corruption, trafic d’influence et abus de fonction» et placé sous contrôle judiciaire.
La deuxième personne que le juge a entendue, récemment, est Mme Hamdane (fille de Ghrieb, membre de l’Organe de lutte contre la corruption), épouse de l’ancien directeur de la planification au ministère des Transports (actuellement en détention), avant de l’inculper pour «complicité de blanchiment d’argent».
Il s’agit, en fait, d’un autre volet de l’affaire de l’autoroute et qui concerne les marchés du secteur des transports, et dans lequel l’ex-directeur de la planification, Hamdane, est impliqué après qu’un intermédiaire, Addou Sid Ahmed, l’ait cité. Selon ce dernier, Hamdane monnayait les informations sur des projets de marchés dans le secteur des Transports avec Addou Sid Ahmed, lequel les «revendait» à son tour aux sociétés étrangères intéressées, en contrepartie de commissions. Des virements opérés vers son compte à l’étranger et vers celui de son épouse sont les arguments qui ont poussé le juge à inculper, d’abord, le directeur et, récemment, sa femme, alors qu’une commission rogatoire a été ouverte pour vérifier les transferts opérés également sur le compte de la sœur de Mme Hamdane à l’étranger, notamment en Espagne. En tout état de cause, il est important de rappeler que, jusqu’à maintenant, quatre mis en cause sont actuellement en détention provisoire, à savoir Mohamed Khelladi, l’ex-directeur des nouveaux projets de l’Agence nationale des autoroutes (ANA), Mejdoub Chani, Addou Sid Ahmed et Hamdane, alors que huit autres sont sous contrôle judiciaire. Il s’agit de Ferrachi, l’actuel chef de cabinet du ministre des Travaux publics, Mohamed Bouchama, secrétaire général du même département, Ghozali, ex-directeur général de l’Algérienne de gestion des autoroutes (AGA), le colonel Khaled, Mme Hamdane, Addou Tadj Eddine, les deux frères Bouznacha, qui font dans le marché informel de la devise. Le juge entamera, en début du mois de juin, les auditions récapitulatives avant de transmettre le dossier à la chambre d’accusation pour la qualification des faits.


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