Algérie

«Le code de la famille est un dispositif moyenâgeux»



«Le code de la famille est un dispositif moyenâgeux»
Louisa Hanoune estime que si acquis il y a en Algérie pour le droit à l'égalité homme-femme, notamment le droit de vote et l'égalité salariale, c'est uniquement grâce au combat des femmes durant les dernières décennies.La Journée internationale de lutte pour les droits de la femme s'est transformée en une journée de fête et de folklore en Algérie, a déploré hier la porte-parole du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. «Le 8 Mars est devenu une deuxième Saint-Valentin où on s'offre des fleurs et on oublie le combat des femmes pour une égale citoyenneté», a déclaré la femme politique lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti. Cette déviation du sens du 8 Mars est voulue, dit-elle, afin de faire oublier la lutte pour les droits et le combat pour l'égalité.Consacrant sa conférence de presse à la célébration annuelle de la Journée de la femme, Louisa Hanoune estime que si acquis il y a en Algérie pour le droit à l'égalité homme-femme, notamment le droit de vote et l'égalité salariale, c'est uniquement grâce au combat des femmes durant les dernières décennies. «Le code de la famille promulgué en 1984 est un dispositif moyenâgeux qui consacre l'oppression contre les femmes, une oppression qui demeure à ce jour, et la révision qui a touché ce code en 2005 a été insignifiante et sans intérêt, car pleine de contradictions et impossible à appliquer.Une révision qui a maintenu l'oppression telle quelle et qui est en totale contradiction avec l'article 29 de la Constitution décrétant l'égalité entre les deux sexes», évalue Mme Hanoune. Et d'ajouter que même la nouvelle révision annoncée par le président de la République dans son dernier message n'apportera rien de plus aux droits de la femme ; bien au contraire, elle consacrera encore une fois l'oppression contre la femme algérienne. «Le Président a ordonné une révision qui ne touchera qu'au khol' (divorce demandé par la femme moyennant une compensation financière), avec l'argument avancé qu'il y avait beaucoup trop de recours à ce procédé.Mais c'est complètement faux, les demandes de khol' enregistrées ne représentent qu'un cinquième des cas de divorce, le reste des cas est du fait de l'homme qui, lui, n'est aucunement obligé de justifier sa demande de divorce», note la responsable du PT en se demandant : «Quelle pourrait bien être cette partie qui a fait croire au Président que le khol' est le problème de la femme algérienne '» «Cette méthode d'achat de la liberté est une honte, mais demeure la seule solution pour certaines femmes d'obtenir leur droit à la liberté», précise Mme Hanoune avant de lancer un appel à la mobilisation de toutes les Algériennes et de tous les démocrates pour une égalité des sexes effective et réelle. Louisa Hanoune rappelle que l'Algérie est une République et non une théocratie et, de ce fait, doit promulguer des lois civiles et égalitaires. «Il faut une séparation claire et franche entre la religion qui est du domaine privé et la politique.Le droit positif est appliqué dans tous les domaines, à l'exception de la famille, il s'agit d'une oppression institutionnalisée où même le ministre devient mufti», considère la conférencière. Les réformes adoptées ces dernières années en vue d'élargir la participation de la femme en politique, ou celles visant la condamnation du harcèlement sexuel ou la création du fonds d'aide aux femmes divorcées, ou encore tout récemment la loi sur la criminalisation des violences contre la femme ne sont que des cadeaux en trompe-l'?il, estime Mme Hanoune. «Beaucoup d'encre a coulé sur l'amendement du code pénal.Cela a permis de voir les obscurantistes et autres rétrogrades s'afficher clairement. Ces obscurantistes sont dans leur rôle et ne constituent pas le vrai problème, car ils sont minoritaires. Nous estimons que le véritable problème réside dans l'orientation et la position du gouvernement» qui, pour Mme Hanoune, vend «une mascarade» comme une évolution.




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