La mort dans des circonstances encore troubles, selon plusieurs
observateurs, dont des experts d'ONG des droits de l'Homme, de Maâmar Kadhafi, jeudi dernier, près de son fief de Syrte, ouvre
pratiquement la voie à la proclamation de la libération totale de la Libye.
Après presque huit mois de combats et des milliers de morts, le pays est
enfin entré dans une nouvelle ère, celle d'une Libye nouvelle, à reconstruire.
De Amman où il participe au Forum économique mondial (WEF), le Premier
ministre du Conseil national de Transition (CNT), M. Mahmoud Jibril a qualifié de quasi «mission impossible», la
reconstruction de la Libye.
«La reconstruction de la Libye
ne sera pas une tâche facile», a-t-il dit. Il a notamment mis en relief le fait
qu'il y a trop d'armes en circulation dans le pays actuellement. «La stabilité
et l'ordre dans le pays doivent être restaurés, ce qui nécessite la collecte
d'armes dans les rues, qui n'est pas une opération aisée», a-t-il souligné, avant
de relever que «nous devons également initier un processus de réconciliation. Sans
cela, nous ne pouvons rien faire». Une tâche difficile attend les nouvelles
autorités libyennes qui doivent proclamer aujourd'hui officiellement la
libération du pays. Il a également rappelé que «les premières élections après
la libération du pays devraient se tenir dans un délai maximum de huit mois». La
feuille de route vers une nouvelle «Libye libre» prévoit la mise en place, un
mois après la libération, d'un gouvernement de transition chargé d'organiser en
huit mois, des élections générales et de remettre ses pouvoirs à une Assemblée
élue.
Le numéro 2 du CNT s'est par
ailleurs, dit ‘'soulagé» de la mort de Kadhafi. A Misrata
où son corps est exposé aux curieux et à tous ceux qui veulent se convaincre
qu'il est bien mort, Kadhafi continue de nourrir la polémique au sein des
dirigeants du CNT. Faut-il une autopsie pour vérifier les circonstances de sa
mort, où et comment l'enterrer ? Les responsables du CNT sont catégoriques : pas
d'autopsie, alors que des ONG avaient demandé vendredi une enquête sur les
circonstances de la mort de celui qui a dirigé d'une main de fer, la Libye pendant 42 ans. Un
responsable du conseil militaire de Misrata a affirmé,
hier samedi, qu'aucune autopsie ne serait pratiquée sur le cadavre de Kadhafi
dont la dépouille est exposée dans un entrepôt frigorifique de cette ville.
«Il n'y aura pas d'autopsie aujourd'hui (samedi), ni un autre jour. Personne
n'ouvrira le corps (de Kadhafi)», a déclaré le porte-parole du conseil
militaire de Misrata, Fathi
Bachagha. Cette déclaration a été confirmée par deux autres membres du conseil
militaire de Misrata. En fuite depuis la chute de
Tripoli, Kadhafi aurait été capturé vivant, mais serait mort des suites d'un
lynchage et d'une balle tirée à bout portant. Mais, à Benghazi, M. Mustapha Abdeljalil, numéro1 du CNT, a confirmé à des journalistes
qu'une enquête était en cours sur les circonstances de la mort de Maâmar Kadhafi mais n'a fait
référence à aucune autopsie. «Oui», a-t-il simplement répondu à la question de
savoir si la mort de l'ancien dirigeant libyen faisait l'objet d'une enquête. L'hypothèse
qui circule le plus dans les milieux du CNT est que Kadhafi sera, sans doute, enterré
dans un lieu secret pour éviter tout pèlerinage sur sa tombe.
Mais selon plusieurs de ces sources, une réunion doit encore se tenir, pour
convaincre les derniers sceptiques, parvenir à un consensus et formaliser la
décision. La dépouille de l'ancien dirigeant libyen est exposée dans la chambre
froide d'un marché de la banlieue de Misrata, «souk
Tunis», où le cadavre de son fils Mouatassim, tué
également jeudi à Syrte, a été emmené dans la nuit de vendredi à samedi.
LA FAMILLE DU «GUIDE» RECLAME SON CORPS
Hier matin, quelques dizaines de curieux, habitants de Misrata, faisaient déjà la queue pour voir les deux
cadavres, allongés côte à côte sur des matelas au sol et recouverts d'une
couverture ne laissant voir que leur tête. Vendredi, des milliers de personnes
s'étaient déjà succédé pour observer le cadavre de l'ancien «Guide», formant
une queue de plusieurs centaines de mètres. Par ailleurs, la famille de
Mouammar Kadhafi a réclamé sa dépouille et celle de Mouatassim,
et appelé à une enquête sur les circonstances de leur mort.
Dans un communiqué diffusé par la
chaîne syrienne «Arraï», la veuve de Maâmar Kadhafi a appelé, «au nom de la famille du
combattant martyr Maâmar Kadhafi, l'ONU et les
organisations internationales à contraindre le CNT à remettre les dépouilles
des martyrs à leurs tribus pour les enterrer selon les rites islamiques». La
famille a également appelé à «une enquête sur les circonstances de la mort du
leader libyen, de son fils et de ses camarades», selon «Arraï».
Après le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Anesty
International a également appelé les nouvelles autorités libyennes à enquêter
sur les circonstances de la mort de Maâmar Kadhafi, avertissant
que si le dirigeant déchu avait été tué délibérément après sa capture cela
constituerait «un crime de guerre».
«Si le colonel Kadhafi a été tué après sa capture, cela constituerait un
crime de guerre et les responsables devraient comparaître devant la justice», a
déclaré Claudio Cordone, directeur général de cette
ONG, basée à Londres. A Misrata pourtant, la consigne,
face à une gêne non dissimulée quant aux vraies circonstances de la mort du
Guide, est que «personne ici n'a tué Kadhafi».
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Posté Le : 23/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com